Au début des années 2000, la série « School » était devenue récurrente, ajoutant saison après saison. Les dramas coréens continuaient ainsi d’explorer leur nouvelle cible : les adolescents.
Fin 2012, KBS décide de renouveler l’expérience avec cette cinquième saison: School 2013. A priori rien de foncièrement original pour les amateurs de séries asiatiques tant ce thème est décliné chaque saison, surtout au Japon. Et effectivement, les problématiques ne sortent pas vraiment de l’ordinaire, avec une jeune prof dépassée qui cherche son autorité et des problèmes de harcèlement, de brimades causées par un groupe d’écoliers en mal être.
Pourtant plusieurs points méritent une attention plus poussée. D’abord, les relations entre écoliers sont pour l’instant peu mises en avant. On nous présente une galerie de portraits, du trublion au cancre, mais cela ne vas pas vraiment plus loin. Le thème central reste la violence à l’école, et la réponse des professeurs.
Sur ce plan là, j’ai vraiment été conquis par les deux premiers épisodes. Ceux-ci ne se limitent pas à une prof pleine de bonnes intentions qui finit par conquérir le cœur de ses élèves. Il y a un vrai conflit sur la pédagogie. Ainsi notre jeune prof n’a pas d’autorité, elle est fragile, se prend des coups avec ses élèves qui la surpassent physiquement, et personne ne la prend au sérieux. Pour autant elle ne change pas sa méthode : elle veut enseigner à tout le monde, même aux mauvais élèves qui la défient. Elle veut comprendre ce qui leur arrive, et non pas les punir ou se débarrasser d’eux.
Ensuite nous avons la direction de l’école. Elle a d’autres intérêts à défendre, et cela commence évidemment par son prestige. Il faut séduire les parents pour qu’ils envoient leurs progénitures dans leurs classes. Seuls les résultats scolaires sont importants, surtout lorsque l’établissement lutte en bas du classement. Et si la violence se manifeste, il importe de ne pas la rendre visible aux yeux de tous. C’est aussi la solution de facilité qui est envisagée : les élèves perturbateurs sont expulsés sans trop chercher la cause.
Enfin, nous avons le portrait d’un prof issu des cours privés. Extrêmement renommé, il n’a qu’un seul but : faire grimper les notes, quitte à apprendre aux élèves comment « tricher » aux questions. Pas besoin donc de passer du temps à étudier des textes, il suffit de comprendre qu’à l’intérieur d’une question d’examen il y a bien souvent la réponse. Pas besoin non plus de s’attarder avec les élèves qui ne veulent pas continuer plus avant dans leurs études. Pour ne pas freiner le restant de la classe, il les met dehors, tout simplement.
La confrontation de ces méthodes est ce qui rend le visionnage intéressant. Notre jeune prof est un brin idéaliste mais pour elle il s’agit aussi de survivre à ces journées épuisantes, en espérant pousser ces jeunes gens plus haut qu’ils ne le veulent. Notre prof « privé » n’a pas cette conscience, on l’oblige plus ou moins à travailler temporairement dans cette école, et profitant de sa renommée, il n’entend pas adapter ses méthodes. Leurs évolutions respectives à travers les évènements de l’école est plutôt attachante. Aucun personnage n’inspire vraiment la pitié ou l’admiration, on sent un ton un peu plus en prise avec la réalité, et ça généralement c’est plutôt bon signe pour un drama coréen.
Autre bon point : on retrouve ici avec plaisir le duo de Babyfaced Beauty avec l’adorable Jang Nara et le sympathique Daniel Choi. Les autres élèves ne sont pas en reste, et sont incarnés par des acteurs un peu plus expérimentés. (Ouf !).
Dommage que l’ensemble ne soit pas très dynamique. Les rebondissements ne sont pas vraiment nombreux et j’ai parfois été agacé par l’élève masculin mystérieux qui ne parle jamais « parce qu’il est trop cool et ne dénonce rien ». Le procédé est dangereux mais son background semble plus soigné. Heureusement, certaines scènes essayent de développer une certaine complicité avec d’autres personnages. A noter que la romance est pour le moment à peine suggérée (merci la séance de poèmes), les thématiques scolaires semblent largement l’emporter. Ça viendra plus tard, peut-être avec la venue de Kim Woo Bin. La série prend son temps, et cela peut avoir un impact plutôt positif pour le développement des personnages. Malheureusement la mise en scène est plate, accompagnée d’une bande sonore désastreuse, variant à l’envie un seul et unique thème, celui de la chanson des années 60 « Happy Together » des Turtles.
Au final, tout dépend de votre saturation. Les séries lycéennes peuvent être une catharsis, un moyen de dépasser (ou de revivre) les traumatismes de cette période, ou tout simplement l’envie de vivre une expérience plus optimiste, plus ouverte. La série voulant davantage être ancrée dans le réel, elle y parvient sans effort, et ça fait du bien d’avoir une thématique explorée dans ses moindres recoins (de l’hypocrisie du système à la « normalité » de l’uniforme). Le discours semble plus réfléchi que dans les autres dramas de ce type. Je reste donc optimiste.