Ringer était l’une des séries les plus attendues de la rentrée, et qui aura le plus déçu avec son pilote très mal mis en scène. Les audiences n’ont pas suivi, ce qui fait que le show sera selon toute vraisemblance annulée d’ici peu. La série, il est vrai, n’a pas été épargnée par la critique, qui pointe du doigt ses nombreux défauts.
Rappelons le pitch : Bridget (Sarah Michelle Gellar), prostituée, est témoin du meurtre d’une de ses collègues. Le meurtrier, Bodaway, la prend en chasse et Bridget se retrouve dans le programme de protection des témoins. N’ayant confiance en personne, elle décide finalement de fuir pour rejoindre sa sœur jumelle Siobhan Martin à New York, laquelle vit une vie de rêve, ayant épousé un richissime consultant financier (Ioan Gruffud). Les retrouvailles sont de courte durée : Siobhan fait croire à sa sœur qu’elle se suicide et disparait, ce qui permet à Bridget de prendre sa place et, pense-t-elle, d’avoir enfin une vie paisible. Hélas, sa vie est toujours menacée alors qu’elle doit garder son terrible secret…et que la police (Nestor Carbonell) n’est jamais loin. En découvrant sa nouvelle vie, Bridget apprendra beaucoup de choses sur sa sœur…
Le pilote était plutôt décourageant, car la mise en scène était médiocre (le fameux fond bleu restera dans les grands souvenirs de la saison télévisuelle américaine), et les personnages peu attachants. Ces deux éléments se sont légèrement améliorés au fil du récit. La mise en scène devient plus conventionnelle et acceptable, et certains épisodes laissent transparaître un peu d’émotion. Un peu, mais c’est tout. Car dans la plupart des épisodes, ce petit monde agit un peu à sa guise, et on a vraiment envie de donner une distribution de claques à quelques personnages naïfs ou horripilants ( Henry Butler (Kristoffer Polaha) ou Victor Machado (Nestor Carbonell) qui se laissent berner facilement, et surtout l’insupportable adolescente à problèmes Juliet Martin (Zoey Deutsch). Cette dernière était certes prévue dans le script avant que la série n’atterrisse à la CW, mais on ne peut s’empêcher de penser que son importance n’a cessé de grandir en raison du jeune public de la chaîne. Si finalement on comprend comment elle est intégrée aux intrigues principales, il faut malheureusement accepter sa présence pendant de très longs épisodes. Même Bridget et Siobhan ne sont pas totalement épargnées. Contrairement à certaines réactions que j’ai pu lire sur le net, j’ai ressenti quelque chose pour ces deux sœurs aux parcours différents et au passé tumultueux, et elles sont suffisamment malines pour être (un peu) crédibles. Mais de là à avoir peur pour elles quand elles sont en difficulté, non.
C’est là le nœud du problème. Car la série va multiplier les rebondissements. A quoi bon si on ne se soucie guère du sort des personnages ? Leur impact est fortement diminué, d’autant qu’il n’est pas forcément facile de suivre le puzzle ; Qui sait quoi à propos de qui ? Où en est-on dans le mensonge ? Ce qu’on nous raconte, est-ce la vérité ? C’était qui déjà celui-là ? La série ne prend pas de gants et n’utilisera pas toujours de flashbacks pour expliquer certains éléments vus il y a une bonne dizaine d’épisodes, alors que pour d’autres éléments elle s’attardera à nous démontrer ce qu’on avait déjà deviné il y a très longtemps. Ça manque de finition dans la présentation, vu les nombreuses pauses dans la diffusion. Certes, au final, l’intrigue décortiquée est assez simple, mais j’ai pris beaucoup de plaisir à échafauder de nombreuses théories, certaines scènes jouant suffisamment sur l’ambiguïté. C’est d’ailleurs le seul vrai point positif que je retiendrai de l’aventure : des rebondissements à la pelle, décomplexés. Au final, on n’y croit pas, on a pas peur pour nos personnages, mais ce côté bordélique organisé, ce rythme surprenant est addictif, tandis que les personnages tête-à-claques, superficiels, nous plongent dans une série B. Un guilty pleasure à assumer (et pourtant je n’aime pas ce terme).
Et j’assume. J’ai aimé Ringer et ses rebondissements aussi incroyables que ridicules. L’intrigue s’est fortement inspirée de certains films, le final est décevant parce qu’il aurait du exploiter les nombreux indices disséminés jusque là pour que la révélation finale fasse effet, (et ce qui nous intéressait était ce qui se passe après). Mais qu’importe, j’en garde paradoxalement un joli souvenir. Pour son retour à la télévision, cependant, Sarah Michelle Gellar méritait mieux. Ça sera pour une autre fois, hein ?