Cet ovni télévisuel n’avait cessé de me faire les yeux doux depuis sa critique élogieuse chez Livia. Et il m’aura fallu du temps pour encaisser le choc. Hellfjord, série norvégienne de 7 épisodes, n’a pas la moindre intention de s’adresser à un vaste public. Car ce qui vous attend est un véritable hymne au trash, aux blagues de mauvais goût, au gore, au détournement de tous les clichés possibles et imaginables.
Disons-le d’emblée : j’ai failli ne pas poursuivre après un premier épisode qui vous soulève le cœur. Il m’arrive de manger en regardant une série, alors un petit conseil : soyez à jeun. Outre les actes de cruauté animale, de barbarie, de sang qui gicle à n’en plus finir, presque chaque épisode à ses séquences vomitoires, et si ce n’est pas le héros qui dégobille en gros plan, c’est vous pauvre téléspectateur qui risquez de le faire, entre la nourriture immonde et les tonnes de papier wc nauséabonds…
Vous voilà averti. J’ai donc eu beaucoup de mal à m’immiscer dans cet univers que j’avais trop vite catalogué de fiction trash sans queue ni tête, dont les blagues ressemblaient davantage à des sketchs d’ados désirant repousser leurs limites. Non, voir un policier vouloir soulager la souffrance d’un cheval en en faisant de la bouillie pendant de longues, très longues minutes, ça ne donne pas envie de continuer. Non, un personnage idiot et maladroit qui se prend pour une pointure n’est pas non plus très drôle.
Et puis, heureusement, il faut croire que les scénaristes ont compris qu’on ne pouvait pas indéfiniment remuer l’estomac du téléspectateur et l’ennuyer profondément. Il fallait l’emmener quelque part. Alors notre héros est muté à Hellfjord, petite localité insulaire – ou trou perdu pour dire les choses plus simplement – et va découvrir peu à peu une horrible vérité.
Pour mener son enquête, Salmander – sans a au milieu (Zahid Ali) – va faire la connaissance de son assistant le vieux et crade Koba (et de sa jeune copine étrangère Riina). Et bien vite, avec l’aide d’une journaliste aux cheveux bouclés, Johanne, il va s’intéresser de plus près à ce qui se passe dans l’usine de poissons du coin.
Le mystère n’est pas très épais, et encore moins original, mais il est agrémenté de détails qui font toute la différence. Une autre fiction aurait choisi d’aborder les thématiques fantastiques pour insinuer le doute chez le téléspectateur, ou plus basiquement, aurait choisi d’enquêter « scientifiquement ». Au lieu de cela, notre héros va chercher par lui-même la vérité, et se mettre en danger.
Et plus l’intrigue avance, plus les choses s’améliorent. Les effets, d’horriblement gores, deviennent délicieusement absurdes. Les personnages, d’épouvantails grotesques, deviennent des figures décalées qui s’amusent avec les rouages habituels des fictions. Le trash laisse enfin la place à un second-degré jouissif. Fini le vomi, le sang, la série prend résolument le contre-pied, et le final fait irrémédiablement penser aux ZAZ (Y a-t-il un pilote…). On rit de la mort, des tripes, parce que cette farce devient enfin mâture et joue à foison de ses références.
Mieux encore, le téléspectateur est remercié pour sa persévérance, et on comprendra enfin quel était donc la signification du rêve de notre héros.
Il faut donc bien s’accrocher, passer les 2-3 premiers épisodes pour prendre la mesure du phénomène que l’on est en train de regarder. On verra si le remake sur Showtime saura conserver cette progression, en attendant, si vous vous sentez apte à surmonter ses innombrables défauts, vous passerez un excellent moment. Le final est par-fait. Parfait, vous dis-je !
Je n’ai pas vu le feu vert pour la série…mais j’aime bcp également cet ovni sériesque et au vu de ce que tu as dit sur le dernier épisode (je n’en ai vu que 2), j’ai hâte! Je découvre ton blog et je l’ai marqué surtout pour les dramas (et les critiques) afin de m’y retrouver un peu mieux, car je ne suis pas un grand spécialiste des séries asiatiques et ne sais jamais laquelle regarder!
Merci beaucoup pour ton commentaire, et bienvenue !
En fait seuls les pilotes (premier épisode d’une série voire les deux premiers épisodes dans le cas d’une série coréenne) sont « notés en feu vert, orange, ou rouge. Tout simplement pour dire si j’ai envie de continuer l’aventure ou pas.
Dans le cas de Hellfjord, il s’agit d’une critique de la saison toute entière, donc pas de feu.
Tu n’es pas le premier à te sentir un peu perdu par l’univers des séries asiatiques, il va vraiment falloir que je m’attèle à ce guide du débutant. Peut-être cet été.
Encore merci !