Troisième volet de la fresque Daemul, Yawang (Queen of Ambition) nous propose de plonger dans une énième histoire de vengeance, où l’issue tragique semble inévitable.
Pour cela, le drama commence par nous montrer ce qu’il va advenir de nos deux protagonistes : l’un, Ha Ryu (Kwon Sang Woo), enquêteur acharné, qui n’hésite pas à s’introduire dans la Maison Bleue pour une histoire de corruption, et l’autre, Da Hae (Soo Ae), femme du Président de la Corée du Sud, bien décidée à ne pas se laisser faire. Ces deux là ont un compte à régler, et lorsqu’elle ouvre son coffre-fort pour lui permettre d’accéder aux documents, le ton monte. Un coup de feu éclate, et on retrouve nos deux personnages collés l’un à l’autre, regrettant d’en être arrivés là. Le sang coule… Qui a pris la balle ? Lequel des deux a tiré ? Pour le savoir, il va falloir se taper un bon paquet d’épisodes… Et vu l’affiche, ils risquent de tirer sur la corde jusqu’au bout. Le drama est d’ailleurs assez malin, car plusieurs indices laissent penser que la vérité est bien différente de ce qu’on veut nous faire croire. (Les spéculations vont bon train sur les forums, mais je parie sur une révélation en accord avec les ficelles du genre).
Le drama reprend alors des années plus tôt. Trop tôt sans doute, puisque malgré quelques rebondissements, on assiste simplement au début de leur histoire d’amour, et même à une partie de leur enfance. On peut d’ailleurs raisonnablement se demander l’intérêt de ces courts flashbacks, l’information pouvant nous être donnée rapidement via les dialogues. Notre héroïne a été élevée en orphelinat, suite au décès de son père et au départ de sa mère. Elle se lie d’amitié avec notre héros, également orphelin, avant d’être récupérée par sa mère qui s’est remariée entre-temps. Seulement voilà, son beau-père est un monstre qui a abusé d’elle pendant sa jeunesse. Elle vit alors chez sa mère, désormais séparée, jusqu’à son récent décès. C’est à cette occasion que nos deux tourtereaux vont se recroiser, et petit à petit, Ha Ryu se rapproche d’elle. Au détour d’une jolie scène, ces deux là échangent un baiser. Pas question que sa belle mette le nez dans un bar à hôtesse, il veut qu’elle puisse étudier, et pour ça il ne va vraiment pas se ménager… Da Hae va d’ailleurs lui en être très reconnaissante, (et son discours répété de multiples fois afin de l’utiliser plus tard lors de sa future trahison). Au début c’est touchant. Au bout d’un moment, le procédé est un peu voyant.
A ce stade de l’histoire on se demande alors si on est pas en train de nous refaire le coup de Nice Guy. Voilà le beau-père qui réapparait, et notre héroïne qui la tue… Et bien sûr notre chevalier servant semble vouloir porter le chapeau à sa place… On notera au passage que Ha Ryu est tellement parfait qu’il finit par en être agaçant. (Dommage pour lui, il a oublié de vider les poches du cadavre).
Mais le drama, heureusement, n’a pas pour intention de multiplier les revirements psychologiques, même s’il nous montre en introduction une scène qui semble à des années lumière de la situation présente. Nos héros vont cacher le corps, et vivre comme ils le peuvent, quitte à faire des cauchemars. Da Hae et Ha Ryu font un enfant, et Da Hae monte peu à peu les marches : après avoir fini ses études à l’université, là voilà qui doit postuler pour un job… Pendant ce temps Ha Ryu lui cache son boulot : il est chargé de « distraire » les clientes d’un bar pour femmes. Évidemment un tel secret finira par être éventé…
On imagine alors aisément la suite, car le récit jusqu’alors assez mou, choisit de prendre son temps pour nous présenter la galerie de personnages secondaires. C’est là que ça se gâte. Car notre héroïne va faire la rencontre du fils héritier d’un chaebol, forcément célibataire et hockeyeur, interprété par Yunho un membre du groupe TVXQ. La douche froide (sauf pour les fans du chanteur évidemment).
J’avais déjà des réserves sur le développement peu inspiré de l’histoire d’amour, du sacrifice et du meurtre caché, mais dans l’ensemble ça tenait la route. Le show n’est pas dénué d’une certaine ambiguïté, et sait tirer ses ficelles. On avait eu droit à quelques jolies scènes, et avec un peu plus de sensibilité, j’aurai presque eu envie de regarder la suite. Soo Ae (Athena) est très convaincante et son personnage garde une part de mystère enfouie sous ses propos, et Kwon Sang Woo (Dae Mul) est également à l’aise dans un rôle apparemment basique, même s’il joue un peu trop de ses muscles (chacun son truc, hein !). Mais pourquoi diable ne pas avoir continué dans cette direction ? L’histoire du chaebol vient se greffer sans aucun avertissement, aucun liant, au bout d’une heure et demi de visionnage.
Ce n’est pas tant la rupture de ton qui m’a causé problème que la manière de raconter l’histoire. D’abord, on nous raconte des détails, ensuite on nous montre le sujet, et enfin on se rappelle qu’on avait d’autres protagonistes à présenter. Le fil du récit reste clair et parsemé de bribes d’informations suspicieuses comme le veut la tradition, mais guère passionnant. Je ne suis pas arrivé à m’attacher aux personnages, ou aux enjeux. C’est d’ailleurs le problème majeur de ces deux premiers épisodes. Il manque ce petit plus, cette vision, cette personnalité pour vraiment arriver à nous emporter. Malgré la musique parfois tonitruante, c’est un peu fade et l’émotion un peu trop contenue. Le drama frôle la barre, mais n’arrive jamais à la dépasser. La série se veut plus mature, mais certains dialogues surprennent quant à leur inadéquation. Concernant l’esthétisme, il n’est clairement pas le point fort du drama, contrairement à ce qu’on aurait pu penser avec l’affiche. Et pour commencer l’année après tant de bons moments passés, difficile de s’en satisfaire. Mais je ne demande qu’à changer d’avis.