Quand The Walking Dead est arrivé sur nos petits écrans, la plupart des critiques étaient très enthousiastes. La série d’AMC avait pour elle un buzz exceptionnel, basé sur la réputation des comics (que je n’ai pas lus pour m’éviter toute comparaison). The Walking Dead, c’était surtout l’espoir de voir enfin une série fantastique sombre à la télévision américaine. Vous le savez, le genre fantastique est depuis plusieurs années en perte de vitesse. Alors qu’il y a quelques années on avait Buffy, Carnivàle, Dead Like Me, voire Farscape , aujourd’hui on doit se contenter de True Blood ou Supernatural, voire opter pour de la très moyenne sci-fi comme le remake de V, ou les dérivés de Stargate. C’est malheureusement triste à dire.
Bref, The Walking Dead, sur AMC, et avec Frank Darabont aux commandes qui plus est, se devait de relancer avec audace le genre télévisuel. Et puis il faut le dire, la mode est aux zombies.
L’histoire est simple : Rick Grimes, policier, sort de son coma à l’hôpital et découvre un monde apocalyptique, où les zombies règnent sur terre et où les rares survivants humains se terrent.
Si l’oeuvre fonctionne, c’est parce qu’on veut voir nos survivants se frayer un chemin parmi les zombies, éviter les morsures, tirer à gauche à droite et crier « regroupez-vous ». L’adrénaline. Le sang. La mort. Et le pessimisme ambiant.
Mais même sur ces prérequis, la série n’arrive pas à tenir haleine. L’adrénaline ? La série manque foncièrement de rythme. Le sang ? Les effets spéciaux sont parfois ratés (cf une tête qui saute avant d’être décapitée). La mort ? Le discours scientifique du dernier épisode réduit à néant tout l’aspect proprement humain des premiers épisodes (doit-on « tuer » ces morts vivants qui ont l’apparence des nôtres ?). Le pessimisme ambiant ? Pour quelques personnages qui n’arrivent pas à surmonter leurs peurs, combien d’autres qui prennent plaisir à pêcher ou à boire ?
La série est donc inconstante, et on se balade d’épisode en épisodes, de tons en tons, sans vraiment trouver une cohérence globale. Du premier épisode très réussi au dernier épisode complètement loupé.
Le problème, c’est qu’une bonne série fantastique ne se gère pas comme un film fantastique. Pour tenir sur le long terme, il faut s’appuyer sur ses personnages. Les développer. Leur donner du caractère, mais ne pas les rendre caricaturaux. Et c’est là que le bat blesse. Jamais on ne s’attache à eux. Pire, à la fin de la première saison, le duo Jon Bernthal-Sarah Wayne Callies est devenu insupportable. Les autres personnages ne sont pas en reste. Ils n’expriment que l’émotion de l’instant, ne dégagent rien. On est dans une structure narrative héritée du cinéma, où les personnages doivent s’affirmer dans l’action, mais comme le format retenu est celui d’une série, on essaye de combler le vide. Et pour combler le vide, il faut s’adresser à de bons acteurs, ou au moins utiliser leur charisme. Le cast est trop bancal pour réussir à donner de vraies émotions.
Le premier épisode était réussi parce qu’il s’appuyait sur son héros et une absence effrayante de musique (malgré un générique final très cinéma qui coupe tout suspense, mais j ‘en ai déjà parlé). Le dernier épisode, quant à lui, est obligé de recourir à une musique grandiloquente pour essayer d’insuffler une émotion qui ne vient plus.
La preuve, peut-être, que les scénaristes ont au moins conscience de la déchéance progressive de leur série. Ou alors faut-il y voir la main de Darabont, qui vient de virer l’ensemble des dits scénaristes.
Vous trouverez non sans mal, beaucoup de fans qui n’apprécient pas la relecture de leur comic préféré. Mais pour moi The Walking Dead est surtout symptomatique de la difficulté d’adapter un support (le comic), sur un autre (la série), avec aux commandes quelqu’un qui est habitué à un autre média (le cinéma, de Darabont).
Au final, y a-t-il eu du plaisir ? Oui, de temps en temps. Quand l’action revient, quand l’imprévu donne un sentiment de peur. Dans ces rares moments là, les scènes peuvent hanter vos nuits. Pour le reste, il va falloir espérer que la saison 2 fasse mieux. Beaucoup mieux.
Rah zut, maintenant je suis mitigé à voir la série. C’est malin.
Enfin, je vais laisser une chance, quand ça arrivera chez nous, hein ? ^^
Très très bonne critique !
Je suis tout à fait d’accord avec toi. La série n’a pas l’intensité ni la profondeur de discours de Deadset par exemple, une autre série sur les Zombies. La question de légitimité autour de l’exécution d’un autre homme même si il est zombie est une question intéressante et qui mériterait d’être plus approfondie mais comme tu l’as dis le dernier épisode tue dans l’œuf cette idée avec une réponse scientifique bâclée sans intérêt.
Les personnages sont très caricaturaux car Darabont veut suivre un minimum le visuel du comics et les symboles visuels qui les accompagnent mais dans une série télé, il ne faut pas que ça, il faut qu’on s’attache à eux et qu’ils aient de la profondeur. Là, rien, tout est en surface on a l’impression que tout est filmé de l’extérieur et on ne comprend même pas leurs philosophie et conséquences sur leur comportement face à cet apocalypse. Mais ce qui me dérange encore plus, c’est ces possibilités de scénario immiscées à droite à gauche qui ne servent à rien comme le fait d’utiliser un taklie Walkie comme répondeur téléphonique pour parler à un personnage dont on a pas de signes de vie ou des problèmes sociaux intra groupe (comme la femme battue) dont on entendra plus parlé. La pluspart des choses ne sert à rien et la série est agréable uniquement pour ses scènes de zombies où ca court, c’est angoissant et cie…
Il faut vraiment que la seconde saison fasse un gros gros effort parce que là…
Cordialement
Dicky le Canard
Effectivement, autant j’avais été séduit par le premier épisode, autant la suite n’a été que déchéance, mis à part de rares soubresauts… Bon, j’ai point attention sur les effets spéciaux (la tête), mais pour le reste, comme c’est quand les zombies sont là que ça devient intéressant et qu’ils sont très rares, forcément… Comme tu l’as dit, les personnages n’arrivent pas suffisamment à nous emporter avec eux. Du coup, il ne se passe pas l’ombre d’un sentiment devant la série (et même la peur, franchement, je suis pas sûr que ça ait été un truc ressenti… Eventuellement un peu de dégoût sur certains passages !).
Bref, un peu une déception après un bon démarrage.
Pingback: Bilan de semaine 11 « Cinédramas
Pingback: Mon année 2010 « Cinédramas
J’ai eu un ressenti un peu pareil !
Je n’ai lu ta review qu’après avoir fini la série et surtout avoir moi-même rédigé ma review ! Je n’aime pas être influencé ^^ !
Bref, tt cela pr dire que les personnages sont d’un caricatural au fil des épisodes ca fait peine à voir et pourtant j’étais très enthousiaste après le pilot !
Quel dommage !
Pingback: Bilan de la saison automnale 2010 (USA) « Cinédramas
La série a ses qualités et défauts, mais elle reste très agréable à regarder. Au niveau du casting, effectivement Jon Bernthal et Sarah Wayne Callies sont insupportables à surjouer. Ce ne sont pas de bons comédiens, loin de là. Quant à Andrew Lincoln, je le trouve un peu fade, pas toujours en adéquation avec son rôle. Il y a tout de même d’excellents acteurs : Norman Reedus (Daryl Dixon) et Laurie Holden (Andrea). Cette dernière, connue auparavant pour son rôle dans X-Files a tourné à plusieurs reprises sous la direction de Frank Darabont au cinéma.