Kekkon Shinai [Pilote – Japon]

Encore appelé Wonderful Single Life, ce nouveau drama japonais, sur le papier, possédait à la fois une approche intéressante du célibat et un casting remarquable. Qu’en est-il au final ?

Le propos, en soi, n’est pas nouveau. Le Japon est en pleine crise démographique et ne semble pas trouver de remède. En 2001 Koi Ga Shitai racontait les histoires d’amour de personnes qui n’arrivaient pas à se « connecter ». Le prologue récité par Miho Kanno sur sa solitude et sa fragilité avait quelque chose de bouleversant. 11 ans plus tard, cette même actrice joue à nouveau une célibataire à la recherche de sa moitié. L’évolution pourrait être celle de son personnage : à 35 ans, là voilà pressée par tout le monde pour qu’elle se marie. C’est effectivement son désir, mais depuis sa rupture avec son petit ami il y a 5 ans, elle n’a trouvé personne d’autre. Et tout le monde ne cesse de lui prodiguer des conseils comme si elle n’était pas consciente de sa situation… et de celle des autres. Car elle est en train de perdre peu à peu ses amies, qui ont toutes une vie familiale bien remplie (et exténuante – on appréciera le regard sans complaisance). C’est le sentiment d’avoir raté le wagon, et se retrouver bonne dernière…

Pour autant la vie de célibataire peut aussi être un choix. Ainsi Yuki Amami (Boss) joue une femme de 44 ans qui a décidé de s’engager à fond dans sa vie professionnelle, pensant que son travail ne la trahirait jamais et qu’elle y trouverait toujours son bonheur. Un choix revendiqué, assumé, mais qui lui vaut bien des ennuis. En effet, en temps de crise, les employeurs ont tendance à conserver les salariés responsables de famille. Eh oui, notre paysagiste va ainsi être mutée manager d’un petit magasin de fleurs.

Dans ce magasin travaille justement à temps partiel un homme (Hiroshi Tamaki, Nodame Cantabile) qui n’est pas marié parce qu’il ne pense pas être à la hauteur. Se marier, pense-t-il, cela implique des responsabilités, pouvoir assumer financièrement (et émotionnellement) quelqu’un d’autre.

Bref, 3 catégories de personnages nous sont présentés : ceux qui espèrent se marier, ceux qui ne veulent pas se marier parce qu’elles n’en sentent pas l’intérêt, et ceux qui ne pensent pas pouvoir assumer un mariage à cause de difficultés économiques. Un panel plutôt large…

En tous cas le célibat, voulu ou non, est finalement assumé par nos protagonistes. « Qu’y a-t-il de si grave à être célibataire ? ». « Nous sommes normales ! ». On sent bien que la pression sociale est devenue écrasante au Japon, la question est de savoir si le drama trouvera une fin en adéquation avec sa réflexion. Autrement dit, si de fait, l’idée – romantique ou non- d’un mariage doit se réaliser pour tout le monde, parce que la pression sociétale si justement dénoncée, elle est également dans la résolution des intrigues de ce drama, lequel navigue pour l’instant plutôt habilement et de façon moderne sur ces questions.

Au fond, ce sont les discussions entre nos protagonistes qui font mouche, non seulement par leur universalité, mais par leur sensibilité. Les deux héroïnes de la série vont se trouver autour d’une fontaine et vont peu à peu se livrer et devenir amies. C’est tendre, drôle, sans être ouvertement déprimant. C’est la belle idée au fond de faire cohabiter la notion de destin romantique (cf la scène avec la fleur), et la liberté de choisir sa vie.

Sans être magnifiques, certaines scènes sont plutôt jolies, et l’orchestration n’en fait pas de trop non plus. On sent une certaine mesure, un besoin de toucher à l’essentiel : l’attachement aux personnages. Le jeu des acteurs est formidable, sincère, touchant (j’en attendais pas moins cela dit).  Les intrigues prennent leur temps, comme il se doit, sans céder à la mélancolie ou au pessimisme. Et on a vraiment envie de connaître l’évolution de tout ce petit monde, qui se pose beaucoup, beaucoup de questions…  Une réussite !

Publicité

2 réflexions sur “Kekkon Shinai [Pilote – Japon]

  1. J’ai passé un assez bon moment devant ce pilote; Les questionnements autour du célibat et du mariage ne sont certainement pas parmi les thèmes que je préfère, et j’ai souvent peur de finir devant une fiction un peu moralisatrice sur le sujet. Mais le casting était une bonne raison de laisser une chance à la série. Et le pilote n’est pas déplaisant à suivre, avec une accélération sur la fin, lorsque les deux héroïnes traversent leurs propres épreuves, et qu’elles commencent à bâtir leur amitié. Plus que leurs intéractions avec leur entourage, c’est vraiment ces scènes communes qui font mouche. Je vais donc poursuivre un peu plus pour voir quelle orientation va prendre la suite ! 🙂

  2. Je l’ai vu en entier, vraiment cool à voir, les persos sont bien joués. La fin n’est pas extra-ordinaire, le plus important c’est Miho et Junpei qui affrontent désormais la vie avec courage et espoir (voire ambition). Et oui, il n’y a rien de nouveau dans ce drama mais le but était de faire une histoire sur ces statistiques justement, et c’était assez bien fait.

    Dommage que je n’ai pas trouvé (sur le net) de critique sur la série dans son ensemble. J’aimerais avoir l’avis construit de quelqu’un qui a fini ce drama.

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s