Ce mois de Mai a été particulièrement dense en matière de comédies romantiques coréennes, alors l’arrivée d’un mélodrame comme Miss Ripley sur MBC est un réel – hum – rafraichissement (?). Finies les situations légères, nous voilà plongés d’emblée dans des scènes dures et poignantes.
Vous voilà prévenus !
Miss Ripley (anciennement Good Bye Miss Ripley) s’inspire d’un vrai scandale qui a défrayé les chroniques (et qui continue de le faire, puisque la responsable aurait participé à l’élaboration de ce drama). Shin Jeong Ah est une femme qui a gravi tous les échelons professionnels – jusqu’au sommet – en ayant falsifié (et totalement inventé) des études américaines prestigieuses (Université du Kansas et Ph.D à Yale). Lorsqu’elle a été repérée, le scandale était si fort qu’elle a fait 18 mois de prison. Un tel mensonge n’a pas été pardonné dans un pays qui met à ce point l’accent sur le sacrifice et le travail d’un élève dans ses parcours scolaires et universitaires. Il suffit de voir les idées de suicides des lycéens (pour 40 % d’entre eux). Ou alors on peut aussi parler des cours dans des écoles privées – les fameux hakwons qui ne servent pas de soutien mais qui permettent l’acquisition d’un savoir supplémentaire et aussi parfois d’accéder à des universités plus prestigieuses. Il me semble d’ailleurs qu’elles sont désormais « obligées » de fermer un peu plus tôt que 23h.
Miss Ripley nous raconte donc l’histoire d’une jeune femme, Jang Mi Ri (Lee Da Hae, My Girl, Chuno). Dès les premières minutes, nous sommes plongés dans une atmosphère pesante. Jang Mi-Ri a un lourd passé : une mère qui l’abandonne, un père qui décède, elle est confiée à un orphelinat. On la retrouve adulte, des années plus tard, obligée d’être hôtesse au Japon, où elle subit les avances des clients. Un soir, elle touche enfin au but et pense pouvoir payer la dette de son beau-père et racheter sa liberté (avec son passeport). Mais le gangster qui la détient ne veut pas la lâcher. Sur le point d’être violée, Jang Mi Ri parvient à s’enfuir et rentre en Corée du Sud. Elle n’a que 30 jours pour trouver un travail, sans cela elle sera expulsée. Mais trouver un job quand on a pas atteint l’université relève de l’impossible, et les recruteurs coréens pensent pouvoir profiter d’elle.
Il est à noter que la peinture des hommes dans la série laisse songeur. On aurait pu croire que l’histoire de Jang Mi Ri au Japon était utilisée pour raviver une vieille blessure dans le cœur des coréens (le viol de milliers de femmes coréennes par les japonais pendant l’Occupation), mais cela va bien au delà, puisque Jang Mi Ri subit aussi le harcèlement sexuel en Corée. C’est d’ailleurs un des points forts du drama, celui de nous plonger dans la détresse de cette femme traitée comme un objet sexuel, et d’essayer de nous montrer comment elle va reprendre l’ascendant.
Avait-elle le choix ? Telle est la question qui oriente le drama. Quand elle a l’opportunité d’obtenir un job d’intendante dans le service VIP d’un hôtel, elle ne corrige pas le malentendu avec son employeur Jang Myung Hoon (Kim Sung Woo, How to meet a perfect neighbor), lequel la croit diplômée de l’Université de Tokyo. Il lui faut maintenant créer de faux diplomes, et pour cela, retrouver son ancienne amie de l’orphelinat Na Hee Joo (Kang Hye Jung, Flowers for my life), qui a justement fini ses études là-bas.
Si évidemment le personnage joué par Lee Da Hae est central et omniprésent (un peu trop à mon goût d’ailleurs), l’intérêt de la série ne repose pas entièrement sur ses épaules. Ça pourrait donc attirer ses détracteurs, dont je ne fais pas partie (Lee Da Hae est vraiment très convaincante et a gagné en épaisseur malgré les scènes larmoyantes).
Tout d’abord j’ai beaucoup aimé le personnage masculin directeur d’hôtel. Un homme froid apparemment insensible, mais qui est en fait plutôt stoïque. Il ne doit sa position que par son mariage avec la fille du président, laquelle le trompe allègrement depuis qu’il l’a délaissée. On perçoit chez ce personnage beaucoup de nuances malgré son masque, et je me suis surpris à être vraiment touché par ce qui lui arrive (il se sépare de sa femme).
Ensuite, Kang Hye Jung insuffle le parfait contrepoids à toute cette noirceur. Cette fraîcheur, cette jovialité me manquait. Et même si elle n’a que de très maigres scènes, elle permet au mélodrame de ne pas s’enfoncer dans le pathos. Mais là encore je sais que je ne serai pas bien objectif, je suis son fan depuis bien trop longtemps. J’espère juste que son rôle va prendre de l’importance et qu’elle ne sera pas seulement l’amie manipulée, elle illumine vraiment tous les scènes où elle est présente. L’occasion pour moi de vous rappeler, si cela n’était pas encore fait, de courir voir Flowers for my life.
Mais hum, je m’égare.
J’ai plus de réserves concernant l’autre personnage masculin, joué par Micky Yoochun (Sungkyunkwan Scandal). Oui j’avoue que le rôle du chevalier blanc effacé commence à m’agacer un peu dans les dramas. Un peu de caractère que diable ! Quand quelqu’un vous trempe votre chemise alors que vous êtes en rendez-vous professionnel, c’est normal de manifester un tant soit peu d’énervement, non ?
J’ai donc beaucoup aimé le cast, mais je ne peux m’empêcher de m’interroger sur l’orientation prise par le drama. En effet, Jang Mi Ri aurait pu être une parfaite anti-héroïne mais tout est fait pour qu’on la prenne en pitié et qu’on excuse ses actions. C’est louable, puisque c’est suffisamment bien fait pour que l’émotion arrive sans la sensation de s’être fait avoir par de grosses ficelles. Mais pourtant j’en attendais autre chose au vu des previews, j’ai presque cru à cette révolution dans les dramas où la bad girl prend la première place. Rien n’est perdu cependant, puisque la route que suit Jang Mi Ri est longue et mène à sa déchéance.
Je regrette aussi la prévisibilité de l’histoire à venir. Car si en effet mon cœur bat pour connaître le sort réservé à l’héroïne (et jusqu’où ce mensonge va l’amener), je ne peux m’empêcher d’être déçu par un puzzle bien trop facile à assembler, les scènes révèlent bien trop de choses.
Contrairement à ce que j’ai pu lire, par contre, je n’ai pas beaucoup de reproches à faire à la réalisation tout à fait dans la moyenne des dramas coréens, c’est à dire allant à l’essentiel, sans un montage appuyé. Et curieusement, je n’ai pas non plus détesté la musique orchestrale classique, jugée totalement déplacée pour certains. Je n’ai qu’un regret, celui du manque de thèmes, car au bout de quelques minutes on a l’impression d’avoir déjà tout entendu.
Bref, me voilà bien embêté pour jauger le drama. Si j’aime l’intrigue principale, son sujet prometteur, son cast (miam !), et l’émotion réelle qui s’en dégage (c’est poignant, prenant mais pas trop larmoyant non plus pour un mélodrame), je suis un peu déçu par le manque d’ambition qui transparait dans le reste : un puzzle bien trop évident qui va ternir l’effet de surprise et un personnage principal un peu trop présent qui aurait gagné à être plus machiavélique dès ses débuts. Bref, de bonnes bases mais de solides interrogations sur la suite de l’aventure et donc pas de quoi être prioritaire dans mon visionnage avec le nombre de bons dramas coréens qui sont diffusés en ce moment. A regarder dans un deuxième temps… même si je sais que je suis très curieux de voir la suite.