Parfois, on peut faire de bonnes surprises en lançant nonchalamment deux épisodes d’un nouveau kdrama. Je n’attendais rien de Can We Get Married, et je suis pourtant tombé sous son charme.
Le fait que cette fiction provienne d’une chaîne câblée (jTBC) a sans doute joué. Nous voilà avec un drama plus mature, à la fois sérieux, tendre, et drôle. J’étais conquis au bout de quelques minutes, alors que le drama débute par une demande en mariage ancrée dans la réalité tout en nous offrant de jolis moments romantiques. Eh oui, mettre une bague dans la crème glacée, ce n ‘est pas vraiment une bonne idée. Et cette soirée que l’on voudrait si parfaite ne l’est jamais vraiment. Cet ancrage dans le réel ménage donc bonheur et disputes.
Notre héros Jung Hoon a beau être fils de médecin, il n’est qu’un simple salarié et n’aspire à rien d’autre qu’épouser sa petite amie Hye Yoon, institutrice. Ce couple a d’ailleurs des soucis financiers : les achats sont faits à crédits, mais personne ne se plaint, au fond. Parce que leur bonheur vient de leur promesse d’union. Ces deux là s’aiment, malgré leurs défauts (notre héroïne a d’ailleurs un sacré tempérament et n’a pas sa langue dans sa poche). Le drama va se centrer sur les péripéties de leur futur union… Y arriveront-ils ?
Ce mariage n’est en effet pas du goût de la mère de Hye Yoon, qui veut que se deuxième fille épouse quelqu’un de fortuné. Sa détermination est sans failles, et elle n’hésitera pas à enquêter pour savoir si l’argent coulera à flots dans le futur ménage. Les parents qui se mêlent des affaires sentimentales de leurs enfants, c’est un grand classique en Corée, mais fort heureusement on nous épargne les cheveux tiraillés et les engueulades larmoyantes… Notre mère de famille a déjà réussi à marier sa première fille à un médecin. Ce qu’elle ignore évidemment, c’est que ce dernier a une aventure. C’était prévisible, mais on apprendra quelques détails supplémentaires qui nuanceront suffisamment l’histoire. Pas de crise de larmes ni de vengeances en vue, ouf !
Deux autre histoires sympathiques viennent se greffer là dessus.
La première c’est celle de l’amie de Hye Yoon, Dong Bi, qui a changé d’avis dans la relation qu’elle entretient avec son petit ami. Les parties de jambe en l’air ont fait leurs temps, elle désire désormais s’engager et se marier, ce qui n’est pas du goût de son boyfriend. Il y a là d’intéressantes discussions, qui essayent de nous montrer les points de vue divergents de chacun.
Enfin, nous avons la tante de notre héroïne, célibataire endurcie qui va croiser un motard un peu rugueux. Leur rapprochement est pour l’instant suffisamment subtile pour nous éviter le simplissime « je t’aime moi non plus ».
A lire le synopsis, rien de neuf sous le soleil. Et pourtant le traitement est plus intelligent qu’il n’y parait. Par exemple, on nous épargne les malentendus habituels (notre héroïne ne va pas directement conclure à l’infidélité de son fiancé lorsqu’elle le trouvera torse nu avec sa meilleure amie). La mère de Hye Yoon n’est pas (encore) une conspiratrice qui vise à détruire le mariage (elle s’y oppose, certes, mais c’est tout). Bref, le drama n’est ni une comédie burlesque ni un makjang désespéré. On sent une approche sincère, franche, voire optimiste (mais pas idéaliste).
Le charme agit pleinement, notamment grâce aux interprètes. Sung Joon (White Christmas) incarne très bien ce jeune homme simple et diplomate, capable de s’écraser devant sa bien aimée un peu trop expansive. J’aimais déjà beaucoup l’acteur, mais le voilà enfin épanoui dans une histoire romantique. Jung So Min (Bad Guy) m’a également conquis, en imposant sa présence sans surjouer sa méchanceté. On croit au couple, parce qu’il ressemble, au fond, à à ceux qui trouvent leur équilibre à travers des disputes sans lendemain. Les scènes sont mignonnes, mais sans emphase. La bande son est constituée de chansons pop ou d’airs classiques, il n’y a pas vraiment de thème spécifique à la série. Ce n’est au fond pas vraiment gênant.
Lorsque nos personnages s’embrassent, ils le font avec passion, avec désir (on y voit même des débuts d’ébats amoureux, et on parle de sexe sans trop de détours), cela donne aux scènes suffisamment d’intensité pour s’attacher à tout ce petit monde, qui a du caractère. On sent que nos personnages sont humains avec leurs faiblesses et leurs qualités.
L’ensemble est donc éminemment sympathique et même si les histoires ne sont pas originales, le traitement est suffisamment différent pour donner cet aspect plus mature, plus rythmé (les échanges sont vifs !), plus réel… Il manque sans doute un point de vue, une mise en scène plus léchée, mais je pense que le drama saura tirer son épingle du jeu malgré tout. Pas de doute, le câble est en train de gentiment faire évoluer les dramas coréens traditionnels.