The Legend

Au détour de pages web, à force de lire des superlatifs exprimés avec conviction et – mieux encore – avec de la passion, j’ai fini par céder, et plonger à nouveau dans un univers que je n’appréciais guère, celui des dramas historiques. J’ai un grand problème, et ce, depuis toujours, avec les critiques qui tendent toujours à surévaluer une œuvre selon le soin apporté à la reconstitution historique. Sur un film d’une durée de 2 heures, ça ne me pose pas de problème, car l’émerveillement et la découverte suffisent. Mais pour une série… une fois immergé dans les décors et les costumes, moi tout ce qui m’intéresse, ce sont les intrigues et l’émotion qui doivent rapidement prendre le pas sur le reste. Bref, une série se mesure sur la durée.

C’est donc avec un sentiment mêlant appréhension et espoir que j’ai débuté le visionnage de cette série coréenne vieille de 4 ans déjà. Une chose pouvait à la fois sauver la série (ou la massacrer si elle était ridiculement mis en scène), pensais-je : la fantasy car, on y parle beaucoup de magie et de pouvoirs divins). Mais autant couper court au suspense tout de suite, The Legend est une belle et grande série.

Encore appelé the story of the first king’s four gods, ce drama commence par nous raconter la légende selon laquelle le fils du ciel Hwanwoong serait venu sur Terre pour stopper les conflits incessants entre les tribus humaines et pour unir la nation de Jooshin. Il apporta avec lui 3 divinités : le dragon bleu, le tigre blanc, la tortue serpent. Il déposséda la prêtresse du Feu de son pouvoir qui ne servait qu’à la mort et à la destruction. Puis il la soigna lorsqu’elle fut blessée. La prêtresse Kajin finit par tomber amoureuse de lui, mais lorsqu’elle s’aperçut qu’une fille d’une tribu ennemie, Saeoh, avait eu un enfant de lui, sa jalousie fut telle qu’elle enleva l’enfant et le précipita dans les abîmes.

Saeoh, folle de rage, et incontrôlable, ravagea le monde en se révélant Phoenix noir. Hwanwoong fut alors obligé de la tuer, les autres dieux ne pouvant l’arrêter. Hwanwoong dépité, enferma chaque divinité dans des artefacts avant de revenir au ciel. Ces 4 artefacts furent éparpillés à travers le royaume. Il est écrit  que ces artefacts ne se réveilleront que lorsque le roi de Jooshin reviendra sur Terre.

2000 ans plus tard, les hommes se combattent toujours, se disputant différentes régions. Les descendants des tribus anciennes rejouent les mêmes partitions. L’étoile de Jooshin apparaît dans le ciel, annonçant le retour du futur roi de la Nation de Jooshin. Mais qui est donc ce futur dirigeant désigné par les cieux ? Qui pourra rassembler les différentes provinces dans la paix et la prospérité (Goguryeo au centre, Malgal et Buyeo au nord, Baekje, Gaya et Shilla au sud, Khitan à l’ouest et le royaume des Yan à l’est)  ?

La première partie de l’histoire va ainsi nous montrer l’ascension du futur roi de Goguryeo, tandis qu’il faudra décrypter les indices envoyés par les cieux pour savoir qui est le futur roi de JooShin. On verra d’abord l’enfance des différents protagonistes : Dam Deok ( fils du roi de Goguryeo), Yeon Ho Gae (fils d’un des hauts membres de la Cour), Sujini (une orpheline recueillie par les moines de Guh Mool), et enfin Kiha (une jeune apprentie prêtresse).

Rapidement, il ne fait nul doute au téléspectateur que la légende est en train de renaître, les traits des personnages de cette mythologie étant empruntés aux mêmes acteurs. C’est dans cette première partie que se forge toute la dramaturgie de la série, et notamment les évènements qui vont petit à petit donner aux personnages leur ampleur. L’idée de destin est en effet au cœur du drama, et on sent tous ces personnages fléchir sous son poids. Pour autant les rebondissements sont tellement fréquents qu’on ne peut reprocher au drama d’être prévisible. C’est aussi le moment où la plupart des personnages secondaires apparaissent, et ils sont nombreux.

A contrario des personnages principaux, ceux-ci se révèleront un peu moins travaillés. Citons par exemple le grand méchant de l’histoire, une vraie caricature de jeu vidéo japonais, doigts effilés et crochus, voix grave et lente, rire  énervant, se déplaçant à deux à l’heure tout en posant devant les caméras. Mais ne fuyez pas, malgré son statut de caricature, on finit par s’y faire et se concentrer sur son charisme, car le bougre en a à revendre. Autre personnage qui ne dépareillerait pas dans un Street Fighter, Jumuchi le mercenaire hirsute, affreusement timide quand il s’agit de parler aux femmes, ou le maître de Sujini, avec son look de moine affublé d’un bâton. Mais comme tout bon drama coréen, on a énormément de tendresse pour ces personnages en apparence « simples » et pourtant si humains.

L’émotion est donc au rendez-vous, et l’histoire n’oublie pas de nous parler un peu d’amour, même si on en verra peu à l’écran. Comme on n’arrive pas à s’ extirper de son destin,  il s’agit presque toujours d’amours impossibles. C’est à mon sens le défaut de la série. Si l’intensité des sentiments, la mise en scène, ou le jeu des acteurs n’est pas à remettre en cause, j’ai toujours du mal avec les scenarii qui déchirent les couples et qui se complaisent dans leur malheur alors qu’il suffirait tout simplement… de s’expliquer. Heureusement, et c’est ce qui rattrape le tout, ce misérabilisme ne s’accompagne pas de larmes excessives. Bref, vous l’aurez compris, le comportement d’un personnage principal m’a un peu exaspéré. C’est d’autant plus dommage que la série n’est pas avare en justifications psychologiques, mais ça manquait de cohérence globale. Notez bien qu’on peut faire ce reproche à beaucoup de dramas coréens, malheureusement.

En deuxième partie, le récit se concentre sur les conquêtes des territoires, l’unification de Jooshin. Cette épopée est particulièrement prenante, non seulement parce qu’elle est bien réalisée (j’y reviendrais), mais parce qu’elle continue d’entretenir le mystère, cette fois-ci non pas sur le roi de Jooshin, mais sur l’identité des gardiens des artifacts. En effet, pour que ces artifacts s’activent, il faut réunir différentes conditions. Une colère sombre pour la tortue serpent, un acte de sang froid pour le dragon bleu, un courage innocent pour le tigre blanc, etc… Enfin, c’est l’occasion de voir le dirigeant s’affirmer, autant dans ses choix tactiques qu’éthiques. Il n’y a là pas de manichéisme, malgré les idéaux affirmés, et ça renforce d’autant la stature de la série.

Le point fort du drama, outre son goût pour les rebondissements et les mystères, c’est sa réalisation. Soyons justes, le budget est énorme et ça se voit à l’écran.

Les scènes d’action, tout d’abord, sont étonnamment bien réalisées : nerveuses, n’évitant pas le sang, elles donnent une vraie crédibilité aux reconstitutions de batailles. Que ce soient avec de multiples intervenants, avec des chevaux ou bien en utilisant des cascades de type projection en l’air. J’aime particulièrement le montage des armes qui s’entrechoquent ou qui atteignent leur cibles. C’est travaillé, ça a le sens du rythme, ça donne une certaine grandeur aux héros sans en faire trop, bref, on est dedans.

Il faut dire aussi qu’au niveau visuel, la reconstitution, les décors, et les costumes sont impressionnants. Je ne peux évidemment rien dire quant au respect de la réalité historique, mais j’ai apprécié le soin porté aux costumes. Les généraux ont des armures de généraux, qui leur donnent une vraie présence sur le terrain.

Et puis il faut saluer les effets spéciaux, jamais ridicules. Leur omniprésence m’avait fait peur au début, mais c’était parce qu’il s’agissait de montrer la légende. Dès la reprise historique, un rééquilibrage s’opère, et c’est tant mieux, je ne voulais pas une série de super-héros ! Il y a de l’ambition : les modélisations et les textures sont poussées, les effets de flamme ou de fumée s’intègrent parfaitement. Bref, les effets spéciaux participent de belle manière au spectacle.

Enfin, la série ne serait tout simplement pas la même sans son exceptionnelle bande-sonore. Elle insuffle une vraie dimension épique, renouvelant sans cesse l’intérêt aux scènes, apportant la pointe d’émotion ou la gravité nécessaire. En parler en deux lignes ne lui rend malheureusement pas justice. Mais c’est l’une des plus belles BO de séries coréennes, c’est sûr.

Quant aux acteurs, ils sont très crédibles. Bae Yong Jun (Winter Sonata), en tête, forcément, par sa capacité à incarner un personnage intelligent, sûr de lui et bienveillant. Ma préférence ira naturellement pour Lee Ji Ah dont ce fut le premier rôle : elle fut espiègle en garçon manqué mais également sensible et touchante. Moon So Ri, plus âgée, a su maîtriser ses émotions pour incarner une femme forte et volontaire brisée ou forgée par les évènements. Yoon Tae Young avait un rôle difficile car évoluant beaucoup, et il a su insuffler à son personnage beaucoup de charisme. Signalons aussi la présence de Lee Philip (Secret Garden) qui n’en finit plus de faire tomber les demoiselles dans les pommes.

On est ainsi embarqué dans un drama aux multiples rebondissements et aux nombreux mystères, on suit le développement des personnages principaux avec plaisir, et alors qu’on le croit trop long (24 épisodes quand même), le final apparaît malheureusement un peu précipité. La faute à un accident de tournage, dit-on. Il n’empêche, si j’ai aimé le sens de l’histoire (elle a une vraie portée) je n’ai pas aimé avec quelle facilité on résout tous les conflits, ne laissant que peu de place à l’émotion et à la disparition de certains personnages.

Mais oui, ce voyage reste incontournable, en tous points supérieurs à Damo par exemple. Oui, malgré ce final sabordé, la caricature de rares personnages (fort heureusement charismatiques) et un personnage ne suscitant pas autant d’émotion que souhaité. Même moi qui suis plutôt allergique aux drames historiques, j’ai réussi à apprécier. Il n’y a en effet pas de baisse de rythme, c’est suffisamment bien écrit pour que le téléspectateur ait non seulement envie de connaître le destin de ces héros, mais aussi de savoir toute la vérité sur les liens entre les personnages, leur fonction dans la légende, et j’en passe… C’est captivant, et on ressort de cette expérience avec des étincelles dans les yeux.

A mon tour, maintenant, de vous encourager à vous lancer dans cette aventure pleine de surprises, de moments forts, tendres et émouvants !

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2 réflexions sur “The Legend

  1. J’avais pourtant bien aimé Damo moi… Comment cela je prend tout à l’envers? Bon d’accord…mais tout de même, j’avais bien aimé Damo ! Mais adoré encore plus The Legend, c’est vrai. J’avais eu un gros coup de coeur sur ce drama…et pour Lee Philip, évidemment, que j’ai du coup retrouvé avec plaisir dans « Story of a man » -je ne sais pas si tu l’as vu mais sinon, je te le conseille franchement- et beaucoup moins dans « Secret Garden » malheureusement -pas parce que je n’ai pas aimé le drama mais son personnage était drôlement creux tout de même-. Je comprends sinon ta réticence à regarder de l’historique, j’avais la même avant de me lancer dans « Hong Gil Dong »….et je partage ton opinion sur la fidélité au contexte historique. Je regarde les dramas en tant que fiction, divertissement…pas en tant que documentaire. Enfin cela dit ma phrase préférée de ton article reste celle-ci: « j’ai toujours du mal avec les scenarii qui déchirent les couples et qui se complaisent dans leur malheur alors qu’il suffirait tout simplement… de s’expliquer ». Dans mes bras Eclair, tu as tout dit! 99% des couples de drama n’ont pas encore assimilé le principe de la communication malheureusement et qu’est-ce que ça peut être gonflant parfois! Bref je n’ai rien à rajouter à ton article -oh bravo, finalement tu as réussi à l’écrire au fait!- tu as tout dit ^^

  2. OUAIIIIIIS THE LEGEND ♥
    Qu’est-ce que j’ai aimé cette série ! Je ne m’en remets pas mais j’ai eu un coup de cœur phénoménal *.* (et pas que sur Lee Philip car j’ai adoré Bae Yong Jun !!
    Il est vrai que le final n’est pas à la hauteur de toute la série… C’est frustrant…
    Quel personnage t’a déçu alors ? Tu m’intrigues là !!
    C’était mon 1er drama coréen, je ne suis pas objective pour deux sous… Je le surkiffe !!
    Arf tu m’as donné envie de re-revoir la série >.< (mais j'ai pas le temps j'ai trop de nouveautés qui me tendent les bras ^^')…

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