Il est parfois difficile de juger un pilote qui lance quelques bonnes ides et n’arrive pas à les exploiter complètement. The Mindy Project fait partie de ceux là. La nouvelle sitcom veut nous lancer dans une nostalgie romantique façon Ally Mc Beal, et ça marche très bien, jusqu’à ce qu’on s’aperçoit que notre héroïne est en fait pas encore bien positionnée.
Mais d’abord, permettez moi de dire que ça fait plaisir de voir enfin les bonnes références en termes de comédies romantiques à la télé. La fameuse scène de l’orgasme simulé dans Quand Harry rencontre Sally (« je prendrai la même chose qu’elle »), la course du réveillon du nouvel an toujours dans ce même film, ou la scène de Vous avez un message où Tom Hanks se joue de Meg Ryan pour mieux pouvoir la surprendre quelques minutes plus tard… Et enfin l’aveu de Julia Roberts à Hugh Grant dans Notting Hill. Autant de repères clés qui ont moi aussi rythmé ma vie de jeune homme romantique.
Commencer par un tel hommage, c’était forcément donner des points « gratuitement »au pilote. Et puis ce fut une légère désillusion, comme si la scénariste n’avait pas compris la leçon de ces films : le spectateur a besoin de se projeter. Notre héroïne romantique (Mindy Kaling, The Office) est gynécologue, crashe le mariage de son ex, et finit alcoolisée dans une piscine. Voilà pour une présentation qui reprend certains codes mais n’arrive pas à rendre l’héroïne attachante. Elle ne nous parait pas très sympathique (le côté fille qui recherche un gars au portefeuille bien rempli, ou son éthique médicale désastreuse), et ceci est renforcé par une mise en scène un peu plate, un montage abrupt et un jeu d’acteur limité. On la voudrait parfois plus pétillante, plus rêveuse (sans tomber dans les excès de New Girl) pour nous montrer son ancrage romanesque, et d’un autre côté ses tergiversations sont agaçantes. Et ce manque de positionnement nous empêche de nous attacher à une héroïne pourtant déterminée. Cela dit, la fin du pilote nous montre qu’elle est capable de prendre une décision.
Le pilote a un bon rythme, de bons dialogues et quelques points de vue acerbes. Ainsi une petite fille précieuse est forcément « fascinante »pour sa mère, et les remarques racistes ou le jugement sur le poids de notre héroïne ne nous sont pas épargnées (l’actrice est indienne et n’a pas le physique d’Aishwarya Rai. Et ça fait du bien de voir un rôle-titre pareil à Hollywood, on se doute que Mindy Kaling a du batailler pour monter son projet). Cette touche d’acidité est finalement plutôt bienvenue, tout comme l’entourage masculin présent sous deux formes : le séducteur prêt à tout (mais qui n’en fait pas des tonnes, ouf !) et le rustre (Chris Messina) qui a son opinion bien tranchée sur les films romantiques et leurs héros. Des figures imposées dans toute bonne comédie romantique, mais heureusement pas trop caricaturales. Hourra, on en a peut-être enfin fini avec les hommes aux capacités mentales réduites.
Dommage que l’ensemble perde un peu en cohérence au niveau du ton et que l’on ait du mal à s’immerger dans cet univers. J’espère que le second épisode saura corriger cela. En tous cas, ça mérite bien de continuer un peu, il y a du potentiel.