[Pilote] Bunheads

Au détour de vos pérégrinations de sériephile, il arrive parfois que vos découvertes vous apportent ce sentiment rassurant d’être immédiatement sur la même longueur d’onde que la fiction visionnée. Bunheads fait partie de ces séries miraculeuses, confortables, qui vous plongent dans un univers sympathique, lequel fait écho à une série que vous adorez : Gilmore Girls.

On pourrait s’attarder longuement sur les similitudes : les réparties et le débit de l’actrice principale, la présence au casting d’Emily Gilmore (qui a bien maigri), les chansons fredonnées lorsque le personnage se balade en ville, ce little corner of the world devenu paradise, … Et puis la sensation soudaine d’être dans un univers parallèle, où Bunheads se concentre sur l’école de danse de Miss Patty.

C’est sans doute l’une des raisons de mon attachement indéfectible à ce pilote : la nostalgie. Car il manquait cruellement ce genre de séries à la télévision américaine. La résurrection du soap (Revenge) va-t-elle entraîner la résurrection des dramédies sentimentales ? On l’espère très fort. Mais il est surprenant de voir ABC Family s’atteler à cette tâche (on était resté en très mauvais termes depuis la fin de Huge, qui comme son nom l’indique était une très grande série). Car enfin, même s’il y a 4 jeunes filles au générique, Bunheads n’est pas pour autant exclusivement orientée ado, il y a quelques relations entre adultes qui valent leur pesant d’or.

C’est la patte de Amy Sherman-Palladino, ce côté bonbon acidulé qui permet de parler des drames de la vie avec optimisme, avec humour, avec la sensation d’être entouré de personnes attachantes, à la fois délicieusement sarcastiques, empreintes de conviction, et légères. Bref, ces personnages sont vivants, humains, et sont en voie d’adoption.

On saluera la performance, car il est rare de rendre l’intégralité du casting immédiatement sympathique. Notre héroïne n’est pas une douce rêveuse, elle a roulé sa bosse. Après avoir entamé brillamment une carrière de danseuse, elle s’est retrouvée empêtrée à Las Vegas dans le rôle d’une danseuse de paillettes, et chacun sait que l’on ne rattrape jamais le temps perdu. Pour elle, il est désormais impossible d’obtenir un rôle dans un spectacle, alors quand un homme plutôt gentil mais insistant lui fait des avances, elle finit par céder, et se marier avec lui. Elle ne l’aime pas, mais elle espère à la fois trouver une nouvelle vie et qui sait – tomber amoureuse. Ce qu’elle ignore, c’est que cet homme vit avec sa mère, prof de danse à Paradise, une charmante localité qui n’a pour seul attrait que son paysage océanique. Le conflit avec la belle-mère est évident, mais celle-ci n’est pas bornée, elle se rend bien compte qu’elle a certains points communs même si le décalage culturel et générationnel est évident. Ces deux là aiment la danse, sans désir de gloire, ni pédantisme, mais parce que la danse est un moyen de s’amuser, d’oublier ses soucis, de vivre. Les rêves, elles les laissent à ces 4 jeunes filles du cours de danse qui ne savent pas encore quelle direction elles veulent prendre : une carrière pour la passionnée qui n’a pas le physique adéquat, ou l’abandon de cet art pour celle qui est douée mais ne ressent rien en dansant ?

La danse, justement était la thématique qui me faisait le plus peur. S’il y a bien une chose qui m’ennuie profondément ce sont les scènes de danse interminables, le formalisme, « l’art pour l’art », dénué d’émotion. J’ai été plutôt rassuré sur ce point. Les scènes sont crédibles (merci à l’actrice-danseuse qui a fait nombre de comédies musicales). La danse est un moyen d’en savoir plus sur le caractère de chacun, un révélateur, pas un moyen d’en mettre plein la vue. Avant de voir des danseuses, on voit des filles et des femmes qui se cherchent. Et il ne s’agira donc pas d’une énième success story pour ado. On croise les doigts.

Avec cet humour omniprésent et ce petit monde aussi attendrissant, j’ai donc été rapidement conquis, et j’ai hâte, très hâte de voir la suite, d’autant que la scène finale est un autre life-changer. Vous n’imaginez pas à quel point ça fait du bien de se dire qu’on a enfin une nouvelle série attachante dans son programme estival. 10 épisodes c’est peu, il va falloir les déguster convenablement.

4 réflexions sur “[Pilote] Bunheads

  1. Je te l’avais dit, la danse n’est vraiment pas un obstacle dans Bunheads ! C’était aussi quelque chose qui m’effrayait, mais c’est un tel plaisir que je me suis conservé la scène de « l’audition » dans un coin de disque dur. C’est vraiment un pilote plein de charme et j’attends énormément de la suite ; ça me fait plaisir de savoir qu’on pourra en discuter tout l’été.
    Malheureusement les audiences du pilote n’ont pas été bonnes, mais j’avoue que ça me surprend peu étant donné que tous ceux qui voulaient ardemment voir le pilote n’avaient pas besoin d’être devant leur télévision lundi puisque l’épisode avait été accessible autrement bien avant. On devrait avoir une idée plus nette avec le deuxième épisode, mais ça m’ennuierait que Bunheads suive le même Destin que la très regrettée Huge…

    • Ça m’inquiète beaucoup d’ailleurs, cette histoire d’audiences avec le passif d’ABC Family…. J’espère que la promo va suivre.
      On va effectivement pouvoir en discuter un peu cet été, même si je ne compte pas faire de bilans hebdomadaires pendant cette période (mais il y a twitter !)
      Merci pour ton commentaire (et ton RT) !

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