Le pitch de la série était suffisamment original pour m’intriguer : Kate Reed, ex-avocate, est une médiatrice chargée de résoudre des différends en dehors des tribunaux. Dans le pays champion du monde de la juridiciarisation, il est effectivement osé de dire que l’on peut régler les choses sans faire appel aux avocats.
Mais avec de telles assomptions, le risque est grand de tomber dans la caricature, dans un extrême humanisme où les partis doivent obligatoirement finir par s’entendre et s’apprécier. Le pari est presque réussi. D’un côté, il est vrai qu’un cas se finit dans un mélange de bons sentiments (le cas d’un couple qui a perdu une bague suite à une proposition de mariage ratée). Mais la série sait dépasser ce cliché et redevenir plus pragmatique, grâce aux personnages qui gravitent autour de Kate : ce sont des procéduriers qui s’opposent à cette vision utopique. Deux points essentiels nuancent ainsi le propos. L’ex-mari de Kate d’abord : »Les gens ne font du bien que s’ils y sont contraints » (le cas de la photo de l’accident en est la parfaite démonstration). Et surtout, même Kate le dit à la fin de l’épisode, le monde a besoin de ces 2 professions : les médiateurs qui bâtissent des ponts et les avocats qui les détruisent. L’un ne va pas sans l’autre. Une réflexion suffisamment intelligente pour ne pas donner au pilote l’impression d’être en constante opposition avec le monde des avocats.
Voilà pour le fond, qui je trouve, mérite quand même qu’on s’y attarde. Pour l’enrobage, il fallait des personnages convaincants, et je dois dire que j’ai beaucoup apprécié la prestation de Sarah Shahi. Elle insuffle beaucoup de dynamisme aux scènes, même s’il est vrai que parfois on avait l’impression d’être dans le pilote de Tru Calling, où l’héroïne n’arrête pas de courir d’un bout à l’autre. Une erreur de jeunesse facilement pardonnable, vu que le pilote est assez long et dense (plus d’une heure).
Question background, notre héroïne reprend le travail après le décès de son père. Elle travaille dans la firme reprise en main par sa belle-mère, qu’elle déteste. Point honorable dans le pilote : les personnages ne sont pas tous unidimensionnels : si sa belle-mère parait hautaine, c’est qu’elle a à cœur de garder l’entreprise à flot, et malgré son nouveau statut de veuve elle ne veut pas de liaison : elle semble avoir apprécié son mari même si elle a du mal à le montrer. L’ex-mari de Kate est plus difficile à cerner (Michael Trucco, Battlestar Galactica), avec une image un peu trop lisse et on a du mal à vraiment comprendre les raisons de leur séparation. On nous présente également deux autres personnages : son frère qui pouponne pendant que sa femme travaille, et son assistant amateur de jeux de rôle et de fantastique (au point d’avoir acheté une montre collector Buffy The Vampire Slayer).
Il est donc plutôt difficile de juger ce pilote, qui sur bien des points a su emporter mon adhésion (casting, rythme, idée générale) mais a tout de même quelques faiblesses (quelques personnages pas assez développés et un rien caricaturaux, certaines résolutions de problèmes bien dans le ton avec l’allusion au magicien d’OZ). Mais je perçois assez nettement un dynamisme à l’ensemble, une envie de bien faire avec un propos idéaliste certes mais honnête, sans être moralisateur ni condescendant. Bref le pilote me semble suffisamment sympathique pour me donner envie d’en voir davantage. C’était pas prévu, mais ce pourrait être une jolie surprise. Cela dit depuis Covert Affairs, j’ai tendance à me méfier des séries d’USA Network qui n’arrivent pas à développer leur background…