Hanzawa Naoki [Pilote – Japon]

Hanzawa Naoki

Alors que la crise économique perdure et que le rôle des banques n’en finit plus d’être décrié, Hanzawa Naoki tombe en quelque sorte à pic pour remuer le couteau dans la plaie.

Adaptée des deux romans d‘Ikeido Jun (Oretachi Bubble Nyuukou-gumi et Oretachi Hana no Bubblegumi) – lesquels ont doublé leurs ventes depuis la diffusion de la série – Hanzawa Naoki nous propose une plongée dans le système bancaire japonais et notamment après la fameuse période de bulle spéculative (datant de la fin des années 80 jusqu’au début des années 2000). Le Japon paye le prix de ses erreurs encore aujourd’hui, « sa décennie manquée » a surtout signé la fin de l’emploi à vie, et une précarité galopante.

En effet, à la fin des années 80, encouragées par des politiques monétaires laxistes, les banques japonaises prêtaient très facilement de l’argent sans aucune assurance. Il y eut une bulle spéculatrice immobilière. Lorsque vinrent le recouvrement des créances, de très nombreuses banques firent faillite, plongeant le pays dans le chaos.

sakai masato hanzawa naoki

Notre héros Hanzawa Naoki (Sakai Masato) parvient en 1991, comme il le voulait, à se faire embaucher dans la banque de Sangyo Chuo. Il ne révéle pas ses véritables intentions. Mais vu que cette banque, en refusant un prêt, a causé le suicide de son père, on se doute qu’il veut secrètement faire bouger les choses.

Or cette banque de Sangyo Chuo, à la fin de la bulle immobilière, va connaître de graves difficultés pour recouvrer ses créances, et est forcée de fusionner en 2002 avec une autre banque, la Tokyo Daiichi pour former la 3è banque mondiale, la Tokyo Chuo. Devenu responsable des prêts dans une des 50 branches de cette gigantesque banque (la Osaka Nishi), Hanzawa Naoki essaie d’aider une entreprise en difficulté qui ne mise pas sur l’automatisation des tâches. Mais la période est rude, après avoir tant fermé les yeux, les banques échaudées ne prêtent plus.

hanzawa naoki sakai masato

Pourtant, la guerre entre les différentes branches de la banque les oblige à atteindre des objectifs de prêts. Pour atteindre le seuil, et crier victoire, les supérieurs d’Hanzawa Naoki vont l’obliger à accepter un prêt faramineux de 500 millions de yens pour une grande entreprise. Réticent, d’autant que les différents contrôles sont expédiés manu militari à cause de l’échéance, Hanzawa accepte finalement lorsqu’il entend ses supérieurs accepter d’endosser la responsabilité. Hélas, l’entreprise en question fait faillite quelques jours après, son président escroc est en fuite, et il ne semble guère y avoir suffisamment d’actifs pour éponger la dette. Hanzawa, trahi par sa hiérarchie qui réclame un bouc émissaire, ne doit son salut qu’à sa volonté d’en découdre et la promesse de récupérer cette somme d’argent…. Au bout du pilote, on espère une rude bataille contre le système, et on craint une simple chasse à l’escroc.

Ce pilote d’une heure et demi, malgré son contexte très intéressant, n’a jamais réellement pu décoller. La faute au personnage principal, dont l’excentricité agace alors que tout était réuni pour faire un joli drama humaniste. On aura beau nous rappeler que ce qui devrait compter pour les banques, ce sont les hommes et non l’argent, on arrive jamais à percevoir le côté humain de notre héros. Le pilote n’entretient pas le mystère sur la personnalité ou les traits de caractère d’Hanzawa, il n’arrive tout simplement pas à le rendre crédible, cohérent, ou touchant, malgré quelques flashbacks…

hanzawa naoki reunion

Plus décevant : il est aussi un brin simpliste. Pour contrecarrer ses supérieurs, notre héros n’est pas vraiment malin. Son argumentaire est facilement démontable, et on se demande vraiment pourquoi sa hiérarchie l’écoute et ne réagit pas, alors qu’elle veut le virer. Dans cet univers complexe, ambitieux, navigue donc un personnage qui se sort de toutes situations sans jamais nous prouver sa supériorité intellectuelle… L’effet est pour le moins bizarre. On avait compris dès les premières minutes la détermination de notre héros, et l’épisode aime un peu trop nous le rappeler.

Parfois longuet, l’épisode a surtout le mauvais goût, vous l’aurez compris, de ne pas faire avancer le schmilblick depuis ses toutes premières minutes, où l’on nous annonce déjà la perte des 500 millions de yens et les reproches de sa hiérarchie. De sorte qu’on ne sait pas trop la direction qu va prendre le drama.

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Et si on a déjà vu des fictions critiquant l’économie japonaise, Hanzawa Naoki enfonce quelques portes ouvertes. Oui les banques ne prêtent qu’aux riches, et elles n’ont que faire des vies brisées. C’est plutôt autour des personnages secondaires qu’il va falloir grappiller quelques idées supplémentaires hélas pas du tout exploitées : un collègue qui devient malade à cause de la pression de ses supérieurs, la femme du héros (incarnée par l’omniprésente Ueto Aya) qui subitement devient un objet de curiosité avec ce qui arrive à Hanzawa…

On ressort du pilote forcément un peu frustré, mais le potentiel est bel et bien là. Espérons qu’une fois les bases posées, notre héros montrera vraiment l’étendue de son talent et que quelques rebondissements bienvenus impliqueront les autres personnages. En tous cas le public a largement suivi, les chiffres d’audience annoncent des progressions spectaculaires, preuve s’il en est que si les fictions économiques peuvent faire peur, elles sont surtout d’actualité.

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4 réflexions sur “Hanzawa Naoki [Pilote – Japon]

  1. Coucou ^-^

    Je voulais voir ce drama mais du coup tu me refroidis un petit peu. Le côté économique n’est pas exactement ma tasse de thé mais je voulais le tenter malgré tout pour voir si le scénario arriverait à rendre le thème intéressant -comme dans Karei Naru Ichizoku par exemple-. Mais ton avis ne m’encourage pas beaucoup.

    Par ailleurs, c’est quoi cette mode de faire des premiers épisodes d’une heure et demie? J’ai l’impression que cela se fait de plus en plus et je déteste cette nouvelle tendance. Pour peur que le scénariste ne maitrisent pas, ces épisodes peuvent être particulièrement assommants. Je comprends les derniers épisodes plus longs parce qu’à ce stade de l’histoire, le public qui est encore là est probablement suffisamment à fond dans l’histoire pour regarder un épisode long mais au début d’un drama, à priori, la motivation n’est pas encore là. Et il y a une question pratique de temps qu’on a pas forcément. Les premiers épisodes d’1h30 sont la raison pour laquelle je n’ai toujours pas commencé plusieurs dramas que je voulais voir. C’est trop long, surtout pour une introduction. Du moins je trouve.

    Bref je suis démotivée … Bah ce n’est pas comme si je n’avais pas de quoi faire à côté^^ Merci pour l’article!

  2. Ce drama m’a conquis dés le premier épisode. Je n’ai pas du tout eu le même ressenti. Je trouve ce drama brillant et complexe. Et le personnage principal me semble bien plus mystérieux et complexe que ce qui ressort de cette critique. Je ne me souviens pas très bien du pilote mais en tout cas, c’est pour moi, avec Woman, le meilleur drama japonais de la saison et je comprends tout à fait ses audiences!

    • Merci pour ce commentaire. Ça rassurera sûrement Mila (et moi au passage). On perçoit bien le potentiel de la série, mais l’entrée en matière (d’1h30 quand même il y avait largement de quoi redresser la barre) fut plus que problématique pour ma part. Je suis donc content de voir que tout cela se complexifie par la suite.

  3. Pour apporter un autre point de vue à vos différentes impressions sur cette série, de mon côté, le pilote m’a laissé un peu mitigée, en grande partie parce que question drama bancaire, j’ai la référence Hagetaka en tête et disons qu’ici l’approche est très différente.

    Hanzawa Naoki sait jouer sur une écriture assez manichéenne pour mobiliser le téléspectateur (Naoki contre ses supérieurs/l’administration fiscale). Elle assume un style théâtral un peu artificiel (renforcé par le sur-jeu des acteurs qui m’a un peu déstabilisé). Ce n’est pas un drama qui cherche à avoir un discours abouti et travaillé sur le système bancaire. Mais dans son registre de divertissement à suspense, il y a indéniablement quelque chose qui prend. Après 5 épisodes, le rythme du récit ne faiblit pas, son sens des rebondissements fonctionne. Et puis je me suis mise à apprécier cette façon totalement assumée de faire de Naoki en quelque sorte le champion derrière lequel le téléspectateur se rallie sans être un « agneau innocent » : il est aussi redoutable et peut être aussi machiavélique que ceux qu’il combat. C’est un personnage qui a sa complexité et sa noirceur (relative quand même).

    En résumé, je ne suis pas aussi enthousiaste que Nac, mais je comprends pourquoi il peut captiver (je me suis prise au jeu). A suivre donc en ce qui me concerne. 🙂

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