Top of the lake [Pilote]

top of the lake

S’il y a bien une chose que j’ai en horreur dans les fictions, c’est la manipulation idéologique. On avait déjà eu The New Normal aux USA, qui était davantage un plaidoyer pour une cause homosexuelle qu’une vraie série comique. Les britanniques, eux, sont allés chercher Jane Campion pour détourner un thriller vers la cause féministe.

Entendons-nous bien. J’aime les personnages féminins qui se battent contre la domination masculine, mais j’aime aussi, et surtout, quand on garde une certaine mesure. Là, c’est bien simple, TOUS les personnages masculins penchent du côté obscur. Entre la brute bas du front, l’homme qui bat sa femme, le violeur, le pédophile, l’escroc, ou le type indifférent à la misère humaine, il y a de quoi ressortir complètement dégoûté.

top of the lake bbc

Pour bien évoquer la monstruosité tapie au fond des hommes, l’épisode commence par évoquer l’horrible cas d’une fillette de 12 ans, Tui, enceinte de plus de 4 mois, qui – au choix – essaye soit d’interrompre sa grossesse soit carrément de se suicider en marchant profondément dans un lac. Une enquêtrice spécialisée, en vacances dans la région, en profitera pour aider l’enquête, (vu que les hommes n’ont évidemment aucune sensibilité c’est bien connu). La petite fille n’avouera pas le nom du responsable, mais on se doute bien vite qu’il s’agit de son père, Matt, une brute épaisse, véritable caricature du genre.

bbc top of the lake

Mais comme Jane Campion n’a aucune idée de la procédure adaptée à cette situation, elle écrit son script en permettant donc à la petite de rentrer chez son père (!), sous la bénédiction, bien sûr du flic (!). Histoire de bien montrer que le père est un horrible bonhomme, et qu’il peut faire tout ce qu’il veut sans avoir de soucis, grâce à la bienveillance et à la solidarité masculine.

top of the lake holly hunter

Si vous n’étiez pas encore totalement convaincu, l’épisode nous montre aussi un groupe de femmes qui s’installe dans une prairie, fuyant les hommes, et essayant de se reconstruire. On citera par exemple une femme qui se demande si elle a encore une chance de revoir son mari depuis qu’il l’a trompé avec une autre plus jeune. Et bien sûr la parabole qui ne trompera personne, celle d’une femme obligée de se séparer de son singe (!) devenu de plus en plus possessif et violent avec l’âge. Quant à la chef du groupe, blasée de la vie, elle a une longue chevelure grise suite à un traumatisme. Bien sûr que l’amour n’existe pas !

Vous n’en pouvez plus ? Vous en aurez encore ! Citons notre héroïne dont la mère est en couple avec un homme violent (mais qui la masse la nuit alors ça compense évidemment). Et bien sûr une vieille connaissance qui, si on peut lire entre les lignes, aurait participé de près ou de loin à une tournante dont notre héroïne aurait été victime.

top of the lake elisabeth moss

La démonstration se veut tellement forcée qu’elle en oublie de donner un comportement cohérent à ses personnages féminins. Notre héroïne ne s’inquiète pas plus que ça d’abandonner la petite fille dans les griffes de son bourreau, pas plus qu’elle ne remue ciel et terre pour faire avancer l’enquête. Elle n’est qu’un personnage témoin de la violence des hommes. Au mieux passive, au pire indifférente, elle est tout sauf attachante. Quand le groupe de femmes apprend qu’une fillette de 12 ans (12 ans !) est enceinte, pareil, aucune réaction. La seule réaction « normale », de colère, c’est celle de la mère, mais elle est tellement loin qu’on voit bien que cela n’intéresse ou ne préoccupe personne. Là encore, on veut révulser le téléspectateur, essayer de lui dire qu’il faut réagir devant une telle passivité, une telle indifférence. Mais au prix de la crédibilité de l’intrigue.

La manipulation est grossière, et pour tout dire, écœurante. Et je pèse mes mots. Alors oui, c’est bien filmé, on profite de superbes paysages de la Nouvelle-Zélande, et d’acteurs renommés (Holly Hunter en tête), mais cela ne peut jamais rattraper le propos.

feu-rouge4

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