Alors que la plupart des sitcoms ont un pitch bien préparé (ou mensonger), certaines séries ne peuvent être définies aussi facilement. Ben and Kate fait partie de ceux là.
La raison principale est que je n’arrive pas à définir le caractère de Ben. Non ce n’est pas parce qu’il est mystérieux, c’est parce que j’ai du mal à le positionner. Est-il idiot, comme le prétend « affectueusement » sa sœur ? Excentrique ? Ou rêveur ? C’est un personnage dont on nous dit qu’il n’a jamais quitté l’enfance et qui pourtant agit comme un adulte sensé à de multiples occasions. Il n’est pas un handicapé social, il est juste un peu à part, un simplet au grand cœur. J’avoue, cela rend son personnage plutôt attachant.
Mais encore faut-il lui donner des histoires intéressantes à vivre, ou de la répartie, ou de vrais gags. Car ce qui se dégage de là c’est plutôt un ennui profond.
On voudrait nous faire croire que lorsqu’il débarque chez sa sœur mère célibataire, il provoque le chaos mais se révèle indispensable pour elle. Mais jamais je ne l’ai perçu comme utile. Jamais je ne l’ai perçu comme une tornade. La série prend son temps, alourdit ses gags en laissant le doigt trainer dessus comme si on était lent à la détente, ce qui finit par désarçonner ou pire, casser complètement l’humour d’une scène déjà maigrichonne. Et ça, à mon avis, c’est bien pire que des rires enregistrés.
Cette sensation de vide ne disparait jamais, car la série n’a pas de point de vue. Elle se veut tendre, attachante, mais elle n’a aucun enjeu, si ce n’est de nous parler de la fratrie. On ne sent guère de passé douloureux au fond d’eux, alors qu’on nous explique qu’ils se sont élevés eux-mêmes, et c’est plutôt sur le plan de la connivence que la série va faire mouche. Entre les jeux d’enfances et les petites histoires du passé, il n’y a aucune rancune, juste un amour sincère. Il aurait peut-être fallu développer cet aspect, sans rentrer dans le jeu des disputes, mais améliorer les réparties, pour donner un peu plus d’intérêt à la seule thématique abordée.
Il faut dire aussi que du côté de Kate, il n’y a pas grand chose à évoquer. Nous avons droit à la mère célibataire qui n’ose franchir les étapes, à la fille qui sait tout, et à l’amie un rien décalée. Ah, j’oubliais, le meilleur ami de Ben en pince pour Kate. Le pire c’est qu’en annonçant cela, il n’y a strictement rien à dire d’autre. Pas de regard pertinent sur un fait de société, pas de mots qui font mouche, pas de gag visuel irrésistible, pas de référence à la pop-culture, pas d’émotion, pas d’effets de réalisation qui valent le coup d’œil, rien pour interpeller ou faire réagir le téléspectateur…
Le vide je vous disais. En étant très gentil, on pourrait se dire qu’à côté de toutes ces sitcoms formatées, Ben and Kate permet de respirer. Malheureusement c’est pas comme si je n’avais pas envie de m’investir, c’est que j’ai aucune idée des histoires affligeantes que l’on va nous donner. Ah si, pendant une minute, Kate va bousculer les cymbales de Ben, ce qui va réveiller la petite. Et Ben, en bon captain obvious, va s’empresser de le lui dire. Ça valait le déplacement.