The politician’s wife était une série britannique de 1995 qui racontait comment la femme d’un homme politique se vengeait des tromperies de son époux non seulement en réduisant à néant sa carrière, mais aussi en prenant sa place. The politician’s husband, au fond, est une variation de ce même thème. Seulement voilà, depuis 1995 beaucoup de personnages de femmes politiques ambitieuses sont arrivées sur le petit écran, la plus emblématique étant évidemment Birgitte Nyborg (Borgen, au Danemark).
Alors que Borgen essayait pendant deux saisons de montrer comment il est difficile de conjuguer responsabilités politiques et vie familiale, the politician’s husband choisit de se concentrer sur l’aspect politique, la famille n’étant clairement pas une priorité pour le couple politique qui nous est présenté. Cet univers de requins déteint sensiblement sur Aiden Hoynes (David Tennant) et Freya Gardner (Emily Watson).
Aiden Hoynes, en pleine manœuvre politicienne pour prendre le leadership, se voit trahir par les siens et perd son poste ministériel. Pour reprendre la main, et se venger, il compte sur sa femme, Freya, qui se voit nommée Secrétaire d’État. Hélas, c’était oublier qu’il n’était pas le seul à être ambitieux…
Le premier épisode se concentre donc sur la trahison politique, laquelle transforme un peu plus notre héros en personnage amer et vengeur. Mais il ne nous paraît jamais franchement sympathique (contrairement à Borgen, nettement plus lisse). Il se contrefout des citoyens dont il a la charge, il veut le pouvoir. Ce n’est pas très subtil, et ça se confirme lors du retournement de situation. Oui, sa femme prend également le pouvoir au lit. Au cas où vous n’auriez pas compris la métaphore.
C’est là que la fiction pêche. Elle se concentre sur la rancune masculine au lieu de développer l’héroïne. Tout au plus la verra-t-on envoyer de la farine à sa fille. Qui est-elle exactement ? Une femme politique, une femme au foyer, les deux ? Aucun des points n’est développé, mais on hésitera pas à nous dire qu’elle a bien droit à sa revanche, vu tous les sacrifices qu’elle a fait pour son mari. Mais quels sacrifices ? Et quelles compétences a-t-elle ? L’ellipse est complète. A l’écran on voit une femme aimante, près de son mari. Et c’est tout. Difficile alors de comprendre sa logique, son désir, son envie d’avoir sa vie. Il manque tout un pan dans la caractérisation du personnage. Un peu frustrant pour un premier épisode.
Cette simplification des intrigues se ressent également lorsqu’il s’agit de décrire les enfants. L’un d’entre eux est atteint du syndrome d’Asperger (décidément très à la mode), histoire d’accentuer les responsabilités familiales. Notez bien que dans Borgen on nous a fait à peu près le même coup. Pourquoi ce besoin d’en rajouter ?
Bref, si la thématique est intéressante, ça manque clairement de rondeurs. Pas forcément pour assouplir la dureté du monde politique (j’ai bien aimé le fait que nos personnages soient plutôt froids et obnubilés par le pouvoir), mais parce que l’ensemble apparait mécanique, pré-mâché, peu subtil. J’hésite beaucoup à continuer l’aventure.