The New Normal [Pilote]

Je suis toujours un peu mal à l’aise avec les séries revendicatrices, parce qu’elles sont souvent manipulatrices, et The New Normal, tout comme The Newsroom confirme mon ressenti. Mais la nouvelle série du créateur de Glee, en plus, est une mauvaise, très mauvaise comédie.

On pourra dire, après tout, que c’est normal, je ne fais pas partie du public-cible, je suis hétéro, marié, je veux avoir des enfants depuis des années et après les longues séries d’examen et de traitement, la procréation médicalement assistée est une épée de Damoclès au-dessus de notre couple. J’ai donc forcément une vision particulière de la vie, que j’espère la moins étroite possible cela dit.

Parler de la parentalité pour les couples homosexuels, très bien. Mais alors il faut veiller à éviter la manipulation et les maladresses. Comment voulez-vous que je m’attache à un gay qui un jour dans une boutique a un coup de foudre pour un nouvel objet : un bébé ! Notez bien le mot « objet », car c’est exactement de cette façon qu’il nous est présenté. Pas de cheminement sur ce qu’est être un parent, pourquoi on veut devenir parent, ce qu’on veut léguer, transmettre, pourquoi pas même une raison plus dommageable comme la peur de mourir et de ne rien laisser derrière soi, ou tout simplement l’envie de fonder une famille, d’être responsable, d’aimer inconditionnellement et d’être aimé – espérons-le – en retour. Non, un bébé, c’est pas un nouvel objet à la mode, et même sur le plan de la comédie satirique (parce que je vois d’ici les critiques), ça ne prend pas.

Parce qu’on ne peut pas à la fois faire une satire d’un modèle et défendre sa revendication. Il faut choisir. Et notre showrunner penche allègrement sur ce dernier point. La démonstration – car c’est une démonstration, pas une histoire – est on ne peut plus claire, et on ne peut plus manipulatrice. Tout simplement parce que dans le monde que côtoie ce couple homosexuel, le couple hétéro traditionnel n’existe plus. L’homme hétéro est forcément quelqu’un qui couche à gauche et à droite (qu’est ce que j’en ai ma claque d’ailleurs de ce cliché ambulant à Hollywood), et notre pauvre héroïne a donc bien raison de reprendre sa vie en main, loin de sa mère homophobe, avec une fille réponse à tout horripilante. Oui, l’homme hétéro n’existe pas. La preuve plus tard quand on apprend un secret de famille : son père était un gay refoulé. Eh oui, brisons les tabous semble dire l’auteur : les hommes sont soit des coureurs de jupons soit des gays refoulés.

Soyez donc tolérants. Dans ce nouveau monde façonné par le créateur de la série, la « normalité » est relative. Et des couples « hors norme » qui font des enfants, il n’y a que ça. Des prostituées (pré?)ménopausées qui fondent une famille grâce à la science, des malentendants, des personnes de petite taille… Mettons donc handicap, gênes, vieillesse naturelle dans le même panier. Car tout le monde est heureux et c’est bien ça l’essentiel, semble nous dire l’auteur. Pas question de rentrer dans un débat éthique, il est occulté. « Face it, honey ». Nous vivons déjà dans ce monde, mieux vaudrait donc l’accepter au lieu de se poser plein de questions. Et puis c’est surtout bien plus facile pour revendiquer quelque chose. Curieusement, la tolérance est un argument oublié quand notre couple homosexuel doit faire le choix de la mère. La grosse, là ? Ah non. Ahahaha. Prenons le sosie anorexique de Gwyneth Patrol, son ADN doit être bien meilleur hein ?

Au final ce n’est certainement pas en regardant cette comédie qu’on pourra se forger une opinion. Cette manipulation est largement préjudiciable à l’ouverture d’esprit du téléspectateur et par extension, à la cause défendue.

Dans cet amalgame et cette présentation malhonnête se cache pourtant, il paraît, une comédie. Qui fait rire. Et c’est là que je reprends mon argument : je ne dois pas comprendre les gags car je ne fais pas partie du public-cible. Je n’arrive pas à voir autre chose que des clichés ambulants sur les gays, et une pop-culture communautaire qui me laisse de marbre. Il faut dire qu’après avoir vu Bunheads et Newsroom,j’aurai tendance à en demander davantage.

La comédie est creuse, au mieux parfaitement lisse (un comble pour le sujet et l’auteur), et ne réussit jamais à rendre ses personnages attachants. Même lorsque notre couple s’embrasse dans le lit en évoquant la compétition pour le choix du géniteur. Ils s’aiment vraiment, vous en êtes sûr ? En quoi sont-ils complémentaires ? Quels sont leurs caractères ? Ils font quoi dans la vie ? Je préfère une bonne centaine de fois le couple de Modern Family, qui ont leurs défauts, leurs personnalités, bref, qui sont humains… donc attachants. (Et pourtant j’ai abandonné la série car elle a fini par tourner en rond).

C’est dommage parce que le sujet aurai mérité un autre traitement. J’hésite entre l’ennui profond, la consternation, et la colère. Décidément, Ryan Murphy et moi n’arrivons jamais à nous mettre d’accord.

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