[Pilote] Girls

J’ai longtemps hésité avant de me lancer dans le visionnage du pilote de la nouvelle série de HBO. Parce que je redoutais le concept étroit de jeune filles âgées d’une vingtaine d’années. Tout ce dont j’avais entendu se résumait à une série « générationnelle ».

Étonnamment, j’ai apprécié le show de Lena Durham, qui pose un regard suffisamment appuyé sur cette jeunesse. Est-ce pour autant pertinent ? Cela sonne-t-il vrai ? Je ne saurai le dire. Je suis un homme marié de bientôt 37 ans. Mais à la minute où l’épisode s’est achevé, j’ai eu bien des envies de réfléchir sur quelques scènes et thématiques.

Et en premier lieu, la difficulté de percer à 20 ans, dans un monde en pleine crise. Notre héroïne est stagiaire depuis des années, travaille gratuitement, et n’arrive pas à obtenir un poste permanent. La crise est telle que même pour des demandes de stage, le patron a l’embarras du choix, et finalement il finit par garder la personne qui a le petit plus au CV : une maîtrise de Photoshop… Évidemment, cette histoire me touche puisque il est devenu quasi impossible d’obtenir une chance, malgré un CV de « 1er de la classe », dixit un employeur. L’employeur est en telle situation de force qu’il peut demander n’importe quoi à son candidat, y compris une histoire larmoyante pour l’émouvoir, parce que « si on en a pas assez bavé, on ne mérite pas le poste ». (On va s’arrêter là avec les anecdotes, hein).

Pour autant, ce qui nous est dépeint est une jeunesse encore immature, qui certes (sur)vit toujours au crochet de ses parents, mais qui se cherche encore. L’un des éléments qui m’a interloqué reste la peinture de la consommation de drogue, où celle-ci devient un élément ordinaire de la cuisine entre amis. Heureusement que l’héroïne nuance sa représentativité : elle n’est le porte-parole que d’une génération, pas de « sa » génération. Ouf.

On sent d’ailleurs dans ce pilote un vrai désir de jouer dans la cour des grands, un besoin de revendiquer sa place entre les générations. Pas étonnant donc que nos amies évoquent Sex and The City et ses personnages de l’époque. Pas étonnant de retrouver Facebook et le text messaging dans les conversations.

Si le contexte de la série est ambitieux et un peu trop revendicatif pour être pris au sérieux, la réussite du pilote tient pour une bonne part dans  l’attachement que l’on peut avoir avec nos personnages, tendrement tête-à-claques. On a envie de leur dire de se réveiller, de  se rendre compte de ce qu’ils ont déjà, de les aider à prendre le bon chemin. Lorsque notre héroïne à moitié droguée et jouant la comédie, revient vers ses parents pour supplier qu’ils continuent de l’aider financièrement, elle n’a pas encore réussi à s’affirmer. C’est d’autant plus dérangeant lorsque son sex-buddy lui affirme qu’il n’est pas un esclave des autres …. alors qu’il est aussi privilégié et qu’il vit grâce à la rente de sa grand-mère. Bref, à défaut d’obtenir leurs indépendances, ces jeunes sont obligés de se mentir à eux-même. Incapables de s’appuyer les uns envers les autres (personne ne vient à l’heure au dîner, excepté – tiens donc – un couple fusionnel), elles ont les soucis de leur âge : une grossesse inattendue, des problèmes de poids, une sexualité refoulée ? Mais alors que leurs liens d’amitié semblent plutôt lâches, elles ont moins de problème avec leur pudicité et leurs relations sexuelles sont tout sauf romantiques. La scène aux toilettes où l’une tend le papier à l’autre était une jolie démonstration : elles ne se voient pas souvent, l’une d’entre elles a couché avec le petit ami de l’autre, mais elles restent « proches » physiquement, comme si tout cela était évident.

L’ensemble forme donc une vision particulière, oscillant entre tendresse et âpreté dans les relations, mais aussi esquivant le contact avec un monde présenté comme hostile. Et j’ai vraiment envie de voir ce que ça peut donner au bout de quelques épisodes, si ce ton va rester ou si on va tomber dans des intrigues clichés pour le développement des personnages. Ça me rappelle un peu Quarterlife que j avais adoré et qui à son époque parlait de blogging, de colocation, de survie mais qui dévoilait davantage les pensées des protagonistes. Girls est plutôt bien réalisé, sans temps mort, sans effets excessifs, et j’ai beaucoup aimé le générique de fin.

 

 

 

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