Cult revient de loin. Le projet de Rockne S. O’Bannon (Farscape) avait été abandonné lors de la mort de WB, et resurgit à la faveur d’un changement de patron à la tête de la CW. Le problème c’est que ce thriller au concept assez poussé semble avoir été bien édulcoré. Exit la noirceur, la paranoïa, bonjour les ficelles scénaristiques et les mannequins au jeu limité.
Cult raconte l’histoire d’un journaliste qui enquête sur la disparition de son frère, un ex-drogué qui a passé trop de temps à regarder une série télé nommée … « Cult ».
Pour des raisons de compréhension, appelons-là CuCult. (Non vous ne voyez pas où je veux en venir).
On nous montre plusieurs extraits de la série Cucult, et cette dernière fait évidemment passer The Following pour un chef d’œuvre. Tout y passe : les suicides de personnes ayant peur que leur gourou, Billy (Robert Knepper, Prison Break) leur fasse du mal (si vous avez peur de mourir, suicidez-vous !), les découvertes de cadavres emmurés recouverts de cartons, les portes aux leviers révélés par une paire de lunettes 3d, et bien sûr des dialogues ridicules. Mais qu’importe, le show fait de bonnes audiences, grâce à une horde de fans qui passent leur temps à examiner le moindre sens caché des images. Décidément le succès de Lost a donné des idées.
Le problème, c’est que Cucult, le show ridicule qui ne fait pas peur, n’est pas très loin de Cult, la série que vous êtes en train de regarder. Pas très loin qualitativement bien sûr, parce que les mêmes ficelles grossières sont reprises histoire d’assurer un parallèle – que l’on voudrait ingénieux – entre Cult et Cucult. Ainsi notre journaliste va tomber sur les mêmes phrases idiotes, les mêmes suicides, on trouvera des cadavres dans les mêmes endroits, etc… Et pour achever le tout, on aura même droit à un coup de téléphone au timing supra-divinatoire avertissant notre journaliste qu’il n’aurait jamais du faire ce qu’il vient de faire. Bouh !
Pour la peur, vous aurez compris, on repassera. En revanche, là où Cult ne se fourvoie pas, c’est bien au niveau de son concept. Au second degré, le visionnage est même étonnamment plaisant. Les allers-retours entre Cult et Cucult assurent le spectacle, on y croit pas une seconde, mais il faut avouer que c’est osé, et le show Cult rêve sans doute d’avoir autant de followers que dans Cucult. Nul doute qu’avec une plateforme web bien organisée, il y a moyen de rajouter une troisième dimension à la série.
Fascinante ? Oui. Intelligente ? Euh… On en est pas encore là. Mais Cult a un potentiel qu’on avait pas vu depuis longtemps à la télé. On est bien loin par exemple d’un The River qui nous racontait le périple de caméramans aux dons de téléportation dans l’Amazonie. Mais va-t-on survivre à tant de médiocrité sur le plan de la narration et de la mise en scène, juste parce qu’il faut trouver des liens en permanence entre ses différentes dimensions ? Derrière le concept, y a-t-il seulement une histoire qui tienne la route ? Au vu des dernières scènes qui figurent au panthéon des clichés, on peut en douter…