City Hall

City Hall fut diffusé en 2009 sur SBS, et constitue, à mes yeux, une belle réussite.

Ce n’était pourtant pas gagné. J’ai failli lâcher prise aux premiers épisodes qui manquaient d’émotion. Mais rentrons plutôt dans le vif du sujet.

Le casting de la série réunit Kim Sun Ah (My name is kim sam soon, Scent of a woman) pour qui j’ai toujours eu beaucoup d’admiration, et Cha Seung Won (The Greatest Love), un acteur pour le moins charismatique.

Kim Sun Ah est comme toujours parfaite pour incarner l’image de la coréenne moyenne, qui travaille dur, n’est pas particulièrement jolie ou intelligente, et qui possède un caractère bien trempé. A une différence près, par rapport à Kim Sam Soon, son personnage, Shin Mi Rae n’est pas naïve quand il s’agit de parler d’amour. Shin Mi Rae a déjà connu des histoires sentimentales. Si son personnage conserve une certaine pudeur comme tout drama coréen, elle n’ira pas s’enfuir lorsque son prétendant veut l’embrasser. La nuance est de taille, car elle permet au final d’avoir une héroïne adulte sympathique, et non pas une trentenaire au comportement d’une adolescente vierge effarouchée. Shin Mi Rae, amoureuse, embrasse passionnément, et n’hésitera pas à passer une nuit dans les bras de l’homme qu’elle aime.

Shin Mi Rae, fonctionnaire de dernier grade dans la petite bourgade d’Inju, rend beaucoup de services à ses amis, ses voisins, sa mère, des commerçants qui essaient de joindre les deux bouts, car cette ville côtière est pauvre. Alors que tout le monde la traite comme une moins que rien à la Mairie où elle travaille (café, photocopies, …), elle sourit à la vie. Naïve, simplette ? Un peu. Elle trouve la force d’avancer dans les sourires qu’elle reçoit, et a finalement bien trop de choses à faire pour se formaliser. Malheureusement son ex-petit ami a abusé de sa gentillesse, et elle se retrouve avec une dette qu’elle ne peut rembourser. A moins, évidemment, qu’un pactole lui tombe du ciel… Et si elle gagnait le concours de Miss Baendaengi (Miss poisson) organisé par le nouveau Maire-Adjoint ? Malgré ses rondeurs, elle est déterminée à gagner…

Cha Seung Won incarne Jo Gook, ce Maire-adjoint au passé mystérieux. Il a brillamment réussi des études politiques, et est extrêmement ambitieux (il vise la Présidence de la Corée du Sud, rien que ça). Son intelligence, son charme naturel, son bagout, son sens tactique devraient lui permettre de grimper les échelons. Mais au lieu de viser directement un siège de député, son mentor mystérieux lui ordonne de prendre la place de maire adjoint dans la petite ville d’Inju. A lui de se débrouiller pour éjecter le maire corrompu et  pour manipuler son successeur. Quand il voit cette idiote de Shin Mi Rae se présenter à un concours de Miss dont il se contrefout, il se dit qu’il a peut-être trouvé la parfaite marionnette…

Vous l’aurez compris, le drama a pour thème la politique. En 20 épisodes, il va nous raconter comment une femme va réussir à surmonter tous les obstacles pour non seulement prendre le pouvoir, mais aussi assumer ses nouvelles responsabilités, tout en restant fidèle à ses valeurs. Car ce qui nous est dépeint est un monde politique impitoyable, corrompu, avec ses coup-bas, ses traitrises, ses calculs, ses mensonges éhontés à une population qui se désintéresse complètement de ses élus et de ses candidats. Arriver dans un tel milieu n’est pas facile, surtout quand on ne connait pas le système politique d’un pays. Pour un téléspectateur occidental, pas évident de savoir ce qu’est un Shijangnim (maire), un Bushijangnim (maire-adjoint), un président de conseil (municipal), … Ajoutez à cela beaucoup de dialogues et des personnages assez méprisables au début, et vous comprendrez ma difficulté à me laisser entraîner dans la série.

En effet, il est assez difficile de s’attacher à ce petit monde, et comme souvent dans les dramas coréens, le héros est un peu trop hautain pour vraiment s’impliquer. Cha Seung Won utilisera d’ailleurs plus d’une fois son rire forcé (ré-utilisé à outrance plus tard dans Greatest Love), ce qui fait que j’ai eu peur de ne jamais adhérer au personnage. J’avais heureusement tort, car malgré son détachement et ses manoeuvres politiques, on comprend bien vite que Jo Gook est en train de tomber amoureux. Son évolution est d’ailleurs très crédible tout le long. Voilà un homme qui ne vit que pour la politique, qui en maitrise toutes ses subtilités, et qui sait comment gagner des élections. Et puis sa rencontre avec la sincère Shin Mi Rae va le bouleverser. Il y a évidemment un côté très idéaliste dans la façon dont elle surmonte les obstacles, mais ce n’est pas pour autant d’une naïveté désolante. On se prend vite de passion pour son combat, on la soutient, on rit et on pleure (un peu ) avec elle. Shin Mi Rae n’a pas une ambition dévorante ni de rêves grandioses, elle rentre dans ce jeu politique pour améliorer le quotidien des gens qu’elle aime, et c’est tout.

Cette gentillesse ne peut  être comprise par ses adversaires. Mais malgré tout, le drama réussit à ne pas rentrer dans le jeu du manichéisme. Oui, le drama a ses « méchants », mais s’ils agissent ainsi, c’est parce qu’ils croient en ce qu’ils font, et ne se rendent pas compte qu’ils sont eux-mêmes les pièces d’un autre échiquier politique. Leurs rédemptions n’en sont que plus belles.

Autre louange à faire vis à vis du drama, c’est le soin porté aux intrigues. Si on ne nous épargne pas quelques rebondissements dont on aurait pu se passer en fin de série (probablement à cause de la rallonge d’épisodes), leurs dénouements sont suffisamment crédibles et émouvants pour se passionner pour les aventures de Shin Mi Rae et Jo Gook.

En effet, peu à peu, le drama devient de plus en plus passionnant, et ce n’est qu’en seconde partie que le charme se dévoile. Si les intrigues politiques sont toujours là, une belle place est désormais réservée au couple de personnages principaux. Et quel couple ! Souvent dans les dramas coréens les chamailleries ne vont que dans un sens, mais là, chaque personnage a du répondant. Leurs joutes verbales (matures ou immatures) sont un régal. Mieux encore, la série réussit à être très romantique, l’évolution de Jo Gook étant sincère, malgré ses stratégies politiques. Moi qui m’attendait à avoir du mal avec la froideur des débuts de Cha Seung Won, j’ai été subjugué. Le couple rayonne : la mise en scène excelle dans les échanges de regards et le cadrage de leurs rapprochements passionnés. La série ajoute la bonne dose de symbolisme amoureux tout en concrétisant nos rêves, ce qui fait que j’ai regardé les dix derniers épisodes… en une journée. Ça ne m’était pas arrivé depuis… Je crois que ça ne m’était jamais arrivé. J’ai été happé, ensorcelé par ce couple magique.

Les scénaristes ont également eu l’intelligence de ne pas créer de véritable carré amoureux. En effet, si le directeur Lee est fasciné par Shin Mi Rae, c’est davantage parce qu’il ne retrouve plus chez sa femme cette honnêteté, cette simplicité. Sa femme ne peut pas lui donner d’enfant, et aigrie, elle s’est peu à peu investie en politique, maitrisant tous les coups tordus possibles. Et si ce personnage féminin est très agaçant, il finit par être très drôle, malgré le surjeu des premiers épisodes. En outre, les difficultés de leur couple deviennent de plus en plus touchantes.

Autre originalité du drama : le héros est déjà.. fiancé. Mais on sent très tôt qu’il n’y a pas d’amour entre ces deux là, juste une histoire d’intérêt. Ce qui fait que Shin Mi Rae n’apparaît pas vraiment comme une briseuse de couples. Mais on pourra tiquer sur le fait que nos personnages ne semblent pas trop se soucier du qu’en dira-t-on.

Le drama pourrait aussi agacer : les valeurs de Shin Mi Rae feront sourire toute personne un tant soit peu passionnée par la politique. Mais qu’importe, il est permis de rêver, à la manière d’un Mr Smith au sénat, que les hommes politiques se mettent réellement au service de leurs électeurs et non de leurs propres ambitions.On notera au passage que le peuple est représenté dans sa diversité, et que l’héroïne comprendra qu’elle ne peut plaire à chacun.

Pour autant, la série ne donne jamais de leçon politique, elle se concentre vraiment sur son héroïne juste, simple, honnête. Il serait donc réducteur d’assimiler City Hall à une fable idéaliste, car bien qu’il s’agisse d’un doux rêve, cela reste avant tout une comédie romantique dans un cadre politique.

Et à ce titre, elle mérite vraiment d’être regardée, car elle figure sans problème dans le haut de sa catégorie, malgré quelques facilités scénaristiques. Tout y est : l’alchimie, les acteurs (mention spéciale pour Kim Sun Ah, bluffante de sincérité), les costumes (et les chemises !), les dialogues, les scènes, l’évolution lente et crédible des personnages, sans oublier une chanson magnifique. Et j’aime de plus en plus cette mode qui consiste à placer des pas de danse de la k-pop dans les fictions (même si je ne suis pas fan des Super Junior, Sorry sorry !).

Si vous arrivez jusqu’à mi-série, croyez-moi, vous ne le regretterez pas.

5 réflexions sur “City Hall

  1. Tu ne peux pas savoir comment je me suis sentie soulagée à la lecture de la première phrase ! City Hall est un de ces dramas dont je suis tombée complètement amoureuse, et j’ai eu peur pour mon coeur de sériephile.
    Tu résumes très bien les points forts, et les quelques limites de cette série, qui va peu à peu trouver le ton juste ! J’aurais tendance à dire que c’est la marque des bons dramas de savoir justement progresser et mûrir au fil de la narration. City Hall doit beaucoup à l’alchimie de ces acteurs. Il y a quelque chose de « magique » qui s’opère, un ressenti rare qui est un peu le graal de la rom-com : quand le téléspectateur se sent ainsi transporté à leurs côtés, c’est que la recette a fonctionné !

    Merci pour cette belle critique 😉

  2. un des meilleurs kdramas de tous les temps:)Effectivement un coup de coeur absolu malgré quelques maladresses.
    Et entièrement d’accord: le drama doit beaucoup à la maturité et au superbe jeu d’acteurs du couple principal.

  3. @ Livia : Tu as raison, un bon drama doit savoir murir, et il est dommage que City Hall ait commencé de façon si âpre, il aurait eu davantage de supporters, je pense.
    @gokusen : C’est surtout ce drama qui m’a réocncilié avec Cha Seung Won, dont les tics de rire forcés m’ont agacé dans The greatest Love. Quant à Kim Sun Ah, j’étais déjà fan, elle est l’une des plus grandes comédiennes des kdramas, c’est sûr.
    Merci à vous deux pour vos commentaires.

  4. cha seung won dans greatest love m’a dégoutée lol:) il est très mal utilisé, surjoue en permanence et sa maturité et son sex appeal ne sont pas utilisés à bon escient(notamment les fringues pouah!) Faut dire que le scenario poussif et paresseux de greatest love n’aidait pas.
    par ailleurs je soupçonne 2 ou 3 opérations chirurgicales depuis city hall qui n’ont pas aidé à me le rendre sympathique dans ce drama
    Et pourtant j’adore cet acteur d’habitude:dans city hall son personnage cynique mais en même temps fragile parce qu’amoureux était formidable.
    D’accord avec toi pour kim sun ah: elle a en plus le don de provoquer une excellente alchimie avec ses co-stars.

  5. Quel bel article!
    J’ai commencé ce drama lorsque j’étais dans ma période Kim Sun Ah. J’étais un peu sceptique quand même au début, la politique et moi, ça fait trois (oui, trois!). Mais…les deux premiers épisodes commencés, je ne pouvais plus m’arrêter. Et cette addiction a duré jusqu’au bout: la série a cette qualité de ne pas s’essouffler ; elle garde une tension jusqu’à la fin. Et je suis d’accord avec toi, une des plus grandes forces de ce drama, c’est de ne pas basculer dans le manichéisme. Il est vrai que l’idéalisme et les bons sentiments de Shin Mi Rae peuvent prêter à sourire, mais finalement, ce n’est jamais dégoulinant de sucre et surtout, exempt toute tentative moralisatrice.
    Les prestations de Cha Seung Won et de Kim Sun Ah sont absolument époustouflantes, et ces deux-là restent pour moi un des couples les plus charismatiques des K-Dramas que j’ai visionné jusque là.

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