Cela faisait des années que la télévision coréenne nous promettait l’adaptation de Jeon Woo Chi, un récit populaire qui a déjà été adapté au cinéma en 2009. Sans cesse repoussé, le voilà enfin arrivé. Avec un budget conséquent on peut donc s’attendre à des cascades et des effets spéciaux à foison.
C’est le cas. Tout du moins pour le premier épisode, quoi choisit d’abord de nous en mettre plein la vue plutôt qu’accrocher le téléspectateur avec une intrigue travaillée. Nos personnages crient, virevoltent, sautent et volent au-dessus des arbres, et se balancent des boules d’énergie et des flèches… Mais comme bien souvent, à trop vouloir en faire, on finit par se désintéresser de l’issue de ces combats à rallonge. Et s’ennuyer devant des scènes d’action, généralement, ce n’est pas bon signe. Bien sûr, les moyens sont là et le résultat reste honorable si on peut faire abstraction des lois physiques et des câbles de cascadeurs. Mais le souffle épique, la tension, la nervosité, la sensation de danger, tout cela est complètement absent.
Du reste, les scénaristes n’arrivent pas à crédibiliser cet univers où la magie est prédominante. Parfois les sorts mettent 3 heures à agir, avec moultes gestes et incantations. Parfois les sorts sont instantanés. La magie semble être un don qu’on peut retirer aux personnes, et dans ce cas cela peut signifier leur arrêt de mort …ou non. Ne cherchez donc pas de la cohérence. Ainsi lorsqu’un personnage soigne notre héros, il meurt subitement et sans raisons, après avoir donné ses conseils. La dramaturgie n’est donc pas le point fort du scénario non plus.
Si on a du mal à rentrer dans cet univers, c’est en partie parce que son introduction est très mal faite, sans enjeu, nous montrant des combats et des personnages secondaires qui vadrouillent sans but. Il faudra attendre la fin du premier épisode pour mieux comprendre les minces motivations de nos personnages. Et contrairement à beaucoup de dramas, les liens amicaux et familiaux ne sont pas très complexes.
Résumons donc. Du temps de Joseon, notre héros Lee Chi/Jeon Woo Chi (Cha Tae Hyun) est un journaliste royal, un ancien adepte de Hong Gil Dong (autre figure populaire en Corée et également adapté en drama). C’est un petit génie aux pouvoirs magiques qui a perdu de vue sa sœur et son père. Il avait un ami Kang Rim (Lee Hee Joon) qui s’est malheureusement tourné du côté obscur et n’a pas voulu céder sa magie. Celui-ci a alors empoisonné sa petite amie Moo Yeon (Uee) pour la contrôler, et il projette de prendre le pouvoir avec son oncle diabolique Ma Sook. Lee Chi, laissé pour mort lors de sa dernière confrontation avec Kang Rim, mène alors une double vie, cachant son identité et recherchant son ennemi sans relâche.
Pour nuancer et approfondir ses personnages, le scénario va nous expliquer sommairement que Kang Rim s’est laissé embrigader par son oncle, et que Lee Chi est un adepte des jeux d’argent, mais cela ne suffit malheureusement pas. Nous voilà avec un récit qui démarre de façon bien trop manichéenne, sans clins d’œil et sans humour. Bref, il y a un décalage entre le ton sérieux adopté et ce qui se passe à l’écran.
Le script parait déséquilibré, avec une prédominance de personnages masculins. Il manque une touche féminine, un personnage fort pour éviter que le récit ne se résume à une lutte fratricide pour le contrôle de cacahuètes empoisonnées (je caricature mais on en est presque là !). Et puis surtout, à la fin de ses deux heures de visionnage, je me suis demandé quels étaient les caractères de chacun. Impossible de savoir si notre héros est pleutre, courageux, malin ou idiot, fier ou encore altruiste. Quand on ne perçoit pas des personnages humains à l’écran, comment voulez-vous vous impliquer ?
C’est d’autant plus dommage que j’ai une vraie affection pour l’acteur principal, Cha Tae Hyun (Flowers for my life, My Sassy Girl). Mais derrière ses accoutrements, le voilà bien limité. On retrouve également Uee (du groupe After School, et qui a notamment déjà joué dans You’re Beautiful). Son jeu plutôt froid lui va parfaitement ici puisque pour l’instant elle n’est qu’une simple marionnette sous l’emprise de Ma Sook. Mais difficile de s’enthousiasmer sur d’aussi faibles et courtes apparitions. Enfin, en grand méchant, Lee Hee Joon n’a pas suffisamment de charisme. On ne perçoit ni colère ni peur, et sa prestation est vraiment générique.
Le mélange ne prend donc pas. Si le deuxième épisode parvient à redonner des enjeux, ceux-ci sont bien trop maigres, et concernent des personnages faiblards, peu attachants. Avec des séquences à rallonge et une intrigue simpliste, le rythme paraît bien trop faible. Les moyens sont là, mais le script est vide, sans passion, sans émotion.
En me relisant, je me dis que j’y vais peut-être un peu fort, car rien n’est totalement perdu (la mise en scène est meilleure que Faith ou Dr Jin, les scènes fonctionnent), mais la mise en place ne donne pas envie de continuer. Mes multiples bâillements peuvent en témoigner.