Lucky 7 faisait partie de mes projets préférés cette saison. Pour une raison toute simple : pour une fois la fiction américaine s’aventurait sur d’autres terrains que le drama policier, médical, le soap ou le fantastique. Lucky 7 c’était aussi la promesse de retourner dans les années 80, où la série Lottery nous montrait comment des gens ordinaires pouvait changer radicalement de destin. (Dans notre cas, Lucky 7 est adaptée d’une fiction de la BBC, The Syndicate.
Ici, on nous montre des collègues de travail qui jouent depuis longtemps ensemble les mêmes numéros à la loterie. La galerie est étoffée, puisque, comme le titre l’indique, on va nous montrer les différents gagnants, et leurs problèmes.
Matt, tout d’abord, qui désespère de ne pas pouvoir vivre dans un appartement et permettre à sa femme et son futur enfant de vivre loin de son horrible mère. Un bon gars, qui a malheureusement pour frère Nicky, sorti de prison, qui va l’entrainer vers l’irréparable. Ce dernier en pince pour Samira, une jeune femme d’ethnie indienne qui rêve de faire des études, mais dont le père veut organiser le mariage. Et puis nous avons Denise, une femme mariée, obèse, qui soupçonne son mari de ne plus l’aimer depuis ses kilos en trop. Mais aussi Leanne une mère célibataire qui semble ne pas trop vouloir révéler son identité. Enfin nous avons Bob le vieux patron du magasin qui sait que ses employés risquent d’être licenciés du jour au lendemain, et Antonio qui s’en veut d’avoir joué la prudence plutôt que le rêve…
Commençons par mon plus grand regret dans ce pilote : l’envie de nous raconter d’emblée ce qui va se produire dans 7 mois, à grand renfort d’action spectaculaire. Un procédé récurrent dans les procedural pour appâter le téléspectateur, mais qui diminue un peu l’envie de s’investir dans une série feuilletonnante.
D’un côté, on peut comprendre que le pari était tellement osé que les auteurs ont cherché une solution pour vendre leur concept. Car même si le pilote connaît son lot de rebondissements, surtout concernant les actions de Matt et Nicky, on est loin du rythme soutenu des autres séries du network.
Et pourtant, c’est ce qui fait son charme. Enfin une série qui se pose, qui prend le temps de nous montrer les caractères des différents personnages sans les enfermer dans leurs rôles caricaturaux. Ce danger là était réel, et je suis ravi de voir ce traitement « humain ».
Enfin une série qui ne compte pas sur son casting de mannequins. On veut nous raconter une histoire de gens ordinaires dépassés par ce qui leur arrive, et on s’en donne les moyens. J’applaudis.
Tout n’est pas parfait, puisque la fiction évente un peu trop facilement les secrets des personnages. Mais en laissant le temps au téléspectateur de s’attacher à tout ce petit monde, la fiction peut se permettre d’être (un peu) prévisible. On se met d’ailleurs assez facilement à imaginer ce qui va leur arriver : leur amitié va-t-elle être ébranlée ? Leurs vies personnelles résisteront-elles ? En sortiront-ils meilleurs ou bien plus lâches ?
J’étais déjà très emballé par le pitch, mais le pilote a dissipé la plupart de mes craintes. Le coup de poker n’a pas réussi, vu les audiences, mais j’espère quand même qu’ABC laissera un peu plus de temps à la série. Elle le mérite, vraiment.
Cinédramas 