Kim Sun Ah fait partie des actrices que j’affectionne le plus, et elle a à son palmarès de jolis dramas (My Name is Kim Sam Soon, City Hall). J’étais donc forcément partant quand j’ai su qu’elle s’engageait dans une nouvelle comédie romantique. Hélas, le résultat est bien trop fade pour susciter mon adhésion.
Pourtant par petites touches, le drama veut donner un semblant de modernité et d’occidentalisation. Je note par exemple les échanges professionnels où on se serre – touche – la main (!), et où l’on va manger dans un restaurant (français ?) après le boulot. On retrouve donc une héroïne trentenaire qui a réussi dans la vie, mais qui a loupé sa vie personnelle, un schéma typique des comédies romantiques américaines. Ces indices se confirment lorsqu’un matin après une soirée trop arrosée, elle se réveille nue sous les draps en compagnie d’un jeune homme désœuvré. Notre héroïne est passée à l’acte, sans relation sérieuse. Évidemment, tout cela est nuancé : le jeune homme a un discours appuyé avec son père parce qu’il n’est pas rentré de la nuit et qu’il a été vu avec une femme. Il a l’autorisation de rester dehors avec une femme, mais il ne doit pas « franchir la ligne » et doit être prudent. A défaut d’une liberté des mœurs, le drama se charge de « recadrer » les comportements.
Un peu comme dans Wonderful Life, on nous laisse penser que ces deux là ont fait une (jolie) bêtise qu’ils vont devoir assumer. Le deuxième épisode ne laisse que peu de place au doute : on va parler grossesse. Premier indice : notre héroïne reçoit de mauvaises nouvelles de son médecin, elle est sur le point d’entrer en ménopause de manière précoce, ce qui lui vaut quelques cinglantes phrases avec sa nouvelle – et jeune – chef. Deuxième indice : lors d’un rendez-vous arrangé elle rencontre un séduisant gynécologue.
Ces thématiques n’étaient sans doute pas suffisantes aux yeux des scénaristes, qui ont voulu nous mixer cela avec l’univers de la mode, et celui des chaussures pour femme en particulier. Dans ces moments-là, évidemment, difficile de m’impliquer dans le récit. Et si je comprends les remarques de certaines téléspectatrices devant la chambre de l’héroïne mettant en valeur une collection impressionnante de chaussures, comprenez que cela ne provoque en moi qu’un ennui profond. Si Babyfaced Beauty nous a déjà fait le coup des concours de designers, elle avait au moins le mérite d’être plus drôle et plus inventive que ces épisodes. Non mais sérieusement, des chaussures à talon avec un foulard et des paillettes que voulez-vous que ça me fasse ?
Ce discours sur la mode n’était déjà pas original, mais la façon dont notre jeune homme rentre dans la firme de notre héroïne ne laisse guère de doute : c’est fortement inspiré de l’intrigue de Babyfaced beauty (avec un concours d’entrée permettant à un inconnu de faire ses preuves).
Le show, heureusement, peut s’appuyer sur un duo d’acteurs en forme. Comme à son habitude Kim Sun Ah est impeccable mais la surprise vient de son compagnon de scène, Lee Jang Woo, suffisamment expressif dans le registre de la comédie. Ces deux personnages ont en commun de grandes difficultés relationnelles avec leurs pères qui les « renient ». Mais ce qui oppose nos futurs tourtereaux est bien sûr l’âge (ce qui suit la grande tendance du moment, où la femme plus âgée tombe amoureuse d’un jeune homme) mais aussi l’expérience professionnelle (le héros a abandonné les études et n’est bon qu’à vendre des chaussures dans la rue alors que notre héroïne dispose d’une solide aura dans son milieu), et aussi un certain positionnement moral sur l’enrichissement (pour survivre le héros ne vend pas n’importe quelles chaussures, ce sont des copies de marque fabriquées par son père. Et notre héroïne va tout faire pour lutter contre la contrefaçon et protéger son gagne-pain).
L’ensemble, vous l’aurez compris, ne réserve que peu de surprises et suit beaucoup trop la recette pour rendre les choses palpitantes. Le script est mou, sans rebondissements ni situations intensément comiques ou dramatiques. Les personnages ont bien du caractère, mais jamais je ne les ai trouvés attachants. On a donc bien du mal à s’impliquer, malgré le travail des acteurs et une bande son satisfaisante. La modernité affichée est bien trop subtile au milieu de scènes rigoureusement conventionnelles. Ce n’est pas foncièrement mauvais, c’est juste sans âme, et le drama souffre de la comparaison avec les autres séries du moment. Et au moment de faire le choix de laisser la porte entrouverte ou non, c’est ce dernier point qui compte le plus. Je ne ressens pas grand chose en visionnant ces deux épisodes.
Nooooooooooooon n’abandonne pas ! Les 4 premiers épisodes ne sont vraiment pas prenant. L’interêt de ce drama commence à l’épisode 5 et se tient dans toute la reflexion du personnage de Kim Sun A sur sa vie, sur les choix qu’elle doit faire, les scénaristes ont fait un super boulot sur ce drama, c’est trop dommage d’arrêter à cause de ce mauvais départ. Ce drama a été une vraie découverte pour moi qui n’en attendait déjà plus rien au bout de l’épisode 3. Je sais pas pourquoi j’ai continué, mais j’en suis vraiment contente. Sûrement parce que j’adore vraiment Kim Sun A dont j’adore les drama. Celui-ci dégage un peu l’ambiance de Scent of a Woman – à la fois à cause de l’actrice, mais aussi parce qu’il y a une maturité dans les personnages et dans les dialogues qui fait plaisir. Le truc, c’est que dans ce drama, le casting est bon, et le rôle principal masculin n’est pas tenu par Lee Dong Wook (empêchez ce mec de jouer, par pitié…).
Bref, c’est vraiment bien. Il vaut le détour, et si la relation entre les deux personnage principaux met du temps à venir, ça n’en ajoute qu’au réalisme et ça permet de se concentrer sur tout un tas de reflexions que j’ai trouvées vraiment très bien menées – on ne tombe jamais dans le noir, le blanc, tout est traité avec subtilité. Suffisament rare de tomber sur un drama coréen de ce genre pour passer à côté, non ? ^^