La curiosité l’a emporté. Je n’étais pas très emballé à l’idée de voir les débuts de Love Rain, car je considère avoir eu ma dose de mélos des années 2000 (Winter Sonata, Autumn in my Heart,…). Et puis finalement, je me suis dit que ça serait une expérience intéressante, qui raviverait peut-être une sensibilité désormais plus cachée dans les productions actuelles. Et c’est le cas.
Love Rain est un petit évènement en soi, puisqu’il s’agit du grand retour de Yoon suk Ho et Oh Soo Yun, responsables de Winter sonata et Autumn in my heart. Faut-il le rappeler, ce sont ces dramas qui sont en partie responsables de l’Hallyu. Ces deux dramas prenaient leur temps pour faire avancer leurs intrigues et surtout n’hésitaient pas à recourir aux artifices les plus larmoyants possibles.
De telles recettes existent encore, mais de nos jours le rythme des épisodes est tout de même plus élevé, et surtout l’attente n’est plus la même. Love Rain fait donc un bide actuellement dans son pays, alors que ses droits ont déjà été achetés dans de multiples pays d’Asie.
Love Rain raconte d’abord l’histoire d’un couple maudit dans les années 70. In Ha est un étudiant en art, qui aperçoit le visage de Yoon Hee. En 3 secondes, il tombe amoureux. Lorsqu’il la croise à nouveau, il récupère son journal intime qu’elle venait de faire tomber. Il rentre alors dans les pensées de la jeune fille. Cette orpheline ne comprend pas la phrase : « l’amour ne s’excuse jamais », tirade du film Love Story qu’adoraient ses parents. Pour In Ha, qui en parle avec son ami Dong Wook dénué de sensibilité, c’est parce que l’amour vient du cœur, deux cœurs qui se comprennent. Et c’est justement avec cet argument que Dong Wook va se rapprocher de Yoon Hee, sans savoir que In Ha est déjà amoureux de la même fille…
La série nous présente donc 6 amis, 3 filles et 3 garçons qui évidemment ont chacun un coup de cœur non réciproque, excepté In Ha/Yoon Hee. Le contexte des années 70 permet de mieux accepter la lourdeur, la lenteur et la naïveté des protagonistes. Véritable bouffée nostalgique comme le furent bien des films, on plonge sans problème dans cette époque de censure, de salut au drapeau coréen, où la jeunesse ne peut porter des jupes au-dessus des genoux, où elle porte des pattes d’éléphant et des habits aux couleurs vives tout en écoutant des chansons d’amour. Cette époque pourtant trouble revient en force dans les productions coréennes (on citera par exemple le drama Lights and Shadow ou d’un point de vue musical Roly Poly de T-Ara).
Le contexte, cependant, n’excuse pas tout. Pour quiconque a vu quelques romances coréennes, le pilote nous propose ni plus ni moins qu’un résumé du genre, où la météo finit par réunir les deux tourtereaux sous un parapluie, où le jeune homme se précipite pour sauver la jeune fille d’un accident, etc.. (D’ailleurs je n’ai pas pu m’empêcher de comparer aux scènes de pluie du très beau film The Classic). Ce n’est pas rédhibitoire pour moi, puisque ça fait partie du charme, mais ça manquait un peu d’émotion et de fragilité sincère. Ce qui est plus gênant, au fond, est l’absence d’expressivité de nos personnages, bien trop doux et rêveurs, au manque de caractère flagrant. Romantique ne veut pas dire mou, mais sensible. Et tout cela est encore exacerbé par le rythme de l’histoire particulièrement lent.
Pour autant, si on se prend le temps de souffler, de rentrer dans l’histoire, on peut profiter aussi de sa mise en scène, particulièrement travaillée au niveau des paysages ou au niveau de la colorimétrie. Et puis la musique au piano n’est pas en reste (il n’y a rien de tel qu’une bonne ost au piano pour m’accrocher).
Il y aussi l’argument du casting. Car Love Rain est aussi la réunion à l’écran de deux figures de proue de l’Hallyu « moderne » : Yoona du groupe SNSD/Girls Generation, et Jang Geun Suk superstar depuis You’re Beautiful. Leurs jeux effacés m’ont un peu déçu, car si effectivement il fallait de la retenue pour décrire les émois de ces jeunes gens, il fallait aussi montrer comment leurs cœurs s’ouvrent. Jang Geun Suk, sans surprise, se montre meilleur que Yoona, dont les moues répétées finissent par lasser. Mais dans l’ensemble, pour les deux acteurs, ça manque de conviction.
Pour finir, on nous promet de changer la donne au bout du 5è épisode, comme Winter Sonata en son temps, en projetant le couple au temps présent, sauf que cette fois il s’agira des enfants de chacun des protagonistes. La question est donc de savoir si cet amour impossible pourra se réaliser avec les enfants. D’autant que ceux-ci ont davantage de tempérament… Vu la passivité des deux premiers épisodes, on en saliverait presque !
Au final, je suis à moitié convaincu. Il est évidemment difficile d’émettre un jugement sur une première partie de l’histoire, mais je n’ai pas aimé la façon dont l’auteur abuse des clichés des romances. Je ne demandais pas quelque chose d’original, juste quelque chose d’un peu plus subtil, moins « automatique » et plus sincère, à défaut d’être plus émouvant. J’ai sans doute trop de références en tête. Le ton reste néanmoins très calme, très doux, et je reste attaché à cette façon de peindre qui m’avait tant séduit à l’époque. Mais les temps ont changé, et je ne sais pas si je supporterais longtemps cette lenteur assortie de mécanismes trop évidents, car d’autres dramas sont là…
j’aimmme!!!!!!!