Avec un tel titre, la nouvelle série de Showtime avait tout pour faire du bruit. On voyait déjà les cohortes libidineuses (et moi la perspective d’un blog référencé adulte dès la publication de sa critique), mais Masters of Sex est loin du sensationnalisme et du voyeurisme redouté. En explorant les deux facettes de la sexualité à la fin des années 50, on va non seulement parler de science, mais de l’intrication du sexe et de l’amour. Et miracle, même s’il y un côté démonstratif un peu agaçant, le show réfléchit plutôt bien sur son sujet.
Ainsi nous suivons le docteur Masters, brillant gynécologue-obstétricien, qui décide d’étudier l’orgasme humain. Pour lui, c’est un comble que la médecine sache exactement ce qui se passe lors d’un accouchement, alors qu’elle ne veut pas savoir ce qui se passe lors des relations sexuelles. Il commence son étude en observant les débats d’une prostituée avec ses clients, mesurant les plateaux, les temps d’orgasme, … Avant d’avoir une révélation : les femmes sont capables de simuler. Dérouté, il va faire la rencontre d’une nouvelle secrétaire « libérée », Virginia, qui lui dit tout simplement que si les femmes simulent, c’est pour accélérer le rapport et passer à autre chose.
Avec son aide, le docteur Masters va alors poursuivre son étude en cachette de l’université, faire appel à des volontaires, à des dildos « scientifiques », et faire progresser rapidement l’état des connaissances. On en saura finalement assez peu sur celles-ci, ce qui est presque dommage, puisqu’ après nous avoir démontré que notre scientifique était dévoué à sa recherche et pas un pervers, on arrive pas à nous dévoiler ses résultats. Un peu dommage donc de censurer le discours scientifique. Tout au plus apprendra-t-on la découverte des orgasmes multiples féminins.
C’est sur le terrain du psyché, de l’intimité et des conventions sociales que la série fait en revanche des pas de géant. Ce n’est donc pas tant le résultat de la recherche qui conduit à une libéralisation sexuelle, que la recherche elle-même, parce qu’elle affirme la distinction entre l’amour et le sexe. Une chose pas forcément facile à comprendre dans ces années là.
Sauf que, et c’est là tout le génie de la série, on nous montre surtout que les relations humaines sont bien plus compliquées que cela. Quand notre secrétaire annonce à son partenaire de quelques soirs qu’elle ne le voit que comme un ami, ce dernier aura beaucoup de mal à l’accepter. Et quand notre médecin propose à sa secrétaire d’avoir des relations sexuelles avec lui pour éviter de distordre les résultats de l’étude, on sent très bien le malaise.
Nous avons donc un scientifique impassible et froid qui cache son infertilité à sa femme, et une description scientifique et glaciale de son sujet, tandis qu’on nous montre en de brèves séquences la montée du désir. C’en est même parfois drôle, quand nos cobayes se découvrent, quand l’acte est unilatéral, quand la timidité disparaît… On saluera au passage la mise en scène qui a le bon goût de ne pas en faire des tonnes pendant d’interminables minutes.
Au final, le pilote a énormément de potentiel. Porté par de très bons comédiens (quel plaisir de revoir Lizzy Caplan), il réussit à trouver le parfait équilibre dans sa tonalité, pour ne tomber ni dans le discours sociologique déprimant, ni dans le voyeurisme. Une bonne surprise. Même si je me demande vraiment comment le sujet va se développer par la suite.