Woman [Pilote – Japon]

woman

Rendez-vous une fois encore au Japon pour vous parler de Woman, un sublime human drama, créé par les responsables de Mother. Si le titre est minimaliste, détrompez-vous. Woman saura vous parler au cœur comme trop peu de fictions savent le faire.

woman hikari mitsushima

Notre héroïne est une jeune veuve qui doit s’occuper seule de ses enfants en bas âge. Son père étant mort, et ayant quitté sa mère il y a plus de 20 ans (pour des motifs que nous apprendrons plus tard), Koharu doit enchaîner les petits boulots pour payer les factures de la crèche, de l’électricité…

woman child

Si la fiction essaye d’éviter un ton misérabiliste, elle ne nous épargne pas non plus. Notre héroïne sourit, serre les dents, travaille dur, mais ne peut s’empêcher de craquer de temps à autre. Elle explique aux enfants qu’ils ne doivent pas pleurer, mais au contraire sourire à la vie. Car ce sont ces sourires là qui la portent. Voir ses enfants heureux. Mais au fur et à mesure que la vie devient de plus en plus difficile, notre mère courageuse s’inquiète de plus en plus. Son état de santé se dégrade. Elle apprend qu’elle ne peut obtenir une quelconque aide de l’état car sa mère est toujours vivante et aurait accepté de l’aider.

woman 500 yens

A bout, elle finit par renoncer. Faire l’aumône pour 500 misérables yens. Et se décider à revoir cette mère qui ne l’a jamais aimé. Non pas pour qu’elle l’aide, mais pour qu’elle accepte de ne pas l’aider. Elle ne veut pas de sa pitié. C’est trop tard.

Koharu retourne travailler. Et pour finir le mois, elle se résout à revendre l’objet fétiche de son défunt mari  : son appareil photo.

woman man

A travers ces multiples scènes, la fiction n’oublie pas de traiter de la solidarité. De ces gens qui veulent vous aider mais qui vous jugent (quand vous revenez épuisé du boulot et que votre enfant est dans les bras de la voisine donneuse de leçons). De ces gens qui vous regardent de travers parce que vous n’arrivez pas à empêcher votre enfant de pleurer. De votre famille qui est incapable de comprendre ce que vous ressentez. Du système d’état qui se moque de vos démêlés familiaux.

woman accident

On comprend vite, très vite, en un regard, toute la détresse, mais aussi toute la combativité de notre héroïne. Survivre. Si une voisine indique deux pistes : se remarier ou sombrer dans la prostitution, c’est aussi pour montrer au téléspectateur que notre héroïne est en grand danger. On saluera au passage l’exceptionnel jeu d’actrice d‘Hikari Mitsushima, absolument bluffante. Et comme souvent, les enfants, qui m’ont beaucoup rappelé Marumo no Okite.

woman mother

Le drama en fait-il trop ? J’ai largement préféré les scènes visuelles, assourdissantes de silence, glaciales, ou pleines de rire, à certains monologues un brin trop longs et démonstratifs. Avait-on vraiment besoin de ce face-à-face avec cette mère ? Quand notre héroïne revend cet appareil photo, et que l’on contemple son visage, tout est dit. Quand elle craque parce que les enfants lui ont fait peur, tout est dit. Il n’y a pas eu besoin d’en rajouter dans ces cas là. D’une manière générale, j’ai toujours préféré la sobriété, plus touchante.

woman and children

Mais ce pinaillage ne doit surtout pas vous empêcher de regarder ce petit bijou, qui à sa manière dépeint un parcours que vivent de trop nombreux parents célibataires. Le titre s’appelle Woman, mais moi, en tant que futur papa, je n’ai eu aucun mal à m’imaginer à sa place. Ce n’est pas un hymne à la femme, c’est un cri déchirant pour plus de solidarité et de compréhension dans notre monde. Et à ce titre, Woman s’inscrit comme l’une des plus belles fictions de l’année.

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