Les chroniques d’adolescentes ou de jeunes filles ont décidément le vent en poupe. Rien que cette semaine, entre la reprise de Girls (HBO), la diffusion du pilote britannique de My Mad Fat Diary (E4) dont je vais probablement vous parler d’ici quelques jours, et cette nouvelle série, The Carrie Diaries (CW), il y a de quoi occuper l’écran.
Mais il vaudrait mieux ne pas être trop exigeant pour se satisfaire de cette dernière. Certes, c’est moins désastreux que redouté. C’est juste ennuyeux. Retrouver Carrie Bradshaw, l’héroïne de Sex & the City, dans son adolescence, et dans les années 80, et sur la CW, m’a jeté dans la perplexité. J’enfonce une porte ouverte, mais il y a un gouffre entre les sujet adultes, traitées sur une chaîne adulte, et des sujets adolescents, traités … sur une chaîne pour ado. A quoi bon dénaturer ce qui faisait la force d’une série ? La jeunesse de Carrie Bradshaw justifie-t-elle une nouvelle série ?
Mes craintes se sont hélas confirmées au visionnage. Carrie est une jeune fille banale. C’est uniquement son regard émerveillé sur Manhattan, ses futures aspirations qui la sortent de l’ordinaire. Mais peut-on écrire sur une jeune fille rêveuse ? La réponse est simple, il suffit de lui faire décrocher un petit poste de stagiaire, l’emmener dans les magasins de fringues, lui faire côtoyer des adultes dans une boîte de nuit. Ça tient difficilement debout, mais ça suffit pour faire rêver des jeunes téléspectatrices, à un âge où on croit que le monde est à votre portée. Seul problème, on ne perçoit pas un seul instant ce que Carrie a de plus que les autres. L’intelligence, la vivacité d’esprit, le grain de folie, …. non, rien de rien. Les gens l’adorent, et on se demande bien pourquoi.
Du côté du lycée c’est même une catastrophe puisque les histoires sont non seulement tout sauf originales, mais ennuyeuses à souhait. Entre le gay qui n’a pas encore assumé sa sexualité, le petit ami/bad boy sans personnalité, ou une amie qui s’aperçoit qu’elle a perdu sa virginité pour un beau parleur… Difficile de se raccrocher aux situations génériques, interprétées sans conviction, ou pire, sans point de vue…
Pour autant on sent une tentative, celle de donner une chronique nostalgique, aidée par le récent décès de la mère de Carrie. Un décès qui chamboule un peu tout, entre le père aimant qui doit assumer sa nouvelle position et la petite sœur rebelle qui gère comme elle peut sa détresse affective. Le ton n’est pas forcément subtile, mais on sent une certaine tendresse, qui permet à la série de mettre la tête hors de l’eau.
Il est un peu dommage que la chronique des années 80 n’ait pas eu meilleur traitement. il ne suffit pas de diffuser quelques chansons et de nommer Madonna pour faire une vraie plongée dans ces années paillettes. Les américains feraient bien de regarder la série coréenne Answer me 1997 pour comprendre comment mixer tendrement la reconstitution historique avec la métamorphose adolescente.
En conclusion, la série semble n’avoir pas grand chose à dire et sans le nom de Carrie Bradshaw, elle n’a rien qui justifie son visionnage. Mais même pour les amateurs de Sex and the City, les allusions sont bien trop minces…