Diffusée en 1996 sur FujiTV, Long vacation est un drama japonais de 11 épisodes somme toute classiques. Si l’histoire est conventionnelle, c’est sur ses personnages que la série va s’appuyer, et avec un certain brio.
Sena (Kimura Takuya), 24 ans, est un pianiste doué techniquement mais qui n’arrive pas à s’exprimer avec son instrument. Il enseigne dans une école de musique, mais ne réussit aucun concours pour devenir professionnel. En cette période de récession économique, il ne peut continuer à vivre plus longtemps dans cette phase pré-emploi.
Il se retrouve un jour nez à nez avec Minami (Tomoko Yamaguchi),31 ans, une mannequin désormais trop vieille pour continuer dans ce métier. Minami vient d’être lâché le jour de son mariage avec l’ex colocataire de Sena. Cette femme encore enfant dans sa tête, mais qui doute de son attraction et de ses capacités, s’installe chez Sena. C’est le début d’une colocation où chacun va devoir trouver ce qu’il veut faire de sa vie, et mettre une fin à ces « longues vacances ».
Rien qu’en lisant le pitch vous pouvez deviner ce qui se passer. Pour autant, la série est prenante, avec ses personnages particulièrement attachants. Minami en tête, bien sûr, puisqu’en peu de temps elle aura conquis votre coeur. Un bémol toutefois concernant Momoko, l’amie de Minami, encore un autre personnage un rien déjanté qui fort heureusement n’apparaît pas suffisamment souvent pour être irritant.
Multi-récompensée (10 Television drama academy awards), cette série est l’une des plus populaires des années 90 au Japon. Mais pouvait-elle être autrement ? Kimura Takuya, aussi appelé Kimutaku, est un des membres de SMAP, un groupe d’idoles qui accéda à la gloire 3 ans avant ce drama, et qui est encore aujourd’hui l’un des plus grands groupes là-bas.
Mais ça serait bien facile de botter en touche en disant que la série ne doit sa popularité qu’à son acteur. En fait, la série a réussi à être touchante, à brosser un portrait intime de personnes perdues. Chose étrange, la série aborde les relations de manière plus adulte que ce qui se fait majoritairement aujourd’hui. Sans faire dans le romantisme exacerbé, elle liera peu à peu deux personnages, utilisant très habilement la musique. Et quelle musique ! Le piano classique est particulièrement bien utilisé. Pour les plus jeunes ça vous rappelera peut-être Nodame Cantabile, le délire en moins. Ainsi dotée d’une jolie bande sonore (quoique le générique, même s’il a reçu des récompenses, est agaçant à la longue tellement il vous rentre dans la tête), la réalisation prend son temps pour dépeindre les humeurs de chacun, sans tomber dans le misérabilisme. Emouvante, sensible et réaliste, elle ne sombrera pas non plus dans le mélo. Au final on sort du drama avec un joli sourire, en ayant vécu de beaux moments.
En bref, un joli petit coup de coeur pour cette série, qui malgré son pitch basique, vaut le détour.
Long Vacation est vraiment un drama mémorable. C’est l’une de ces perles écrites par ma scénariste japonaise tv favorite, Eriko Kitagawa (Aishiteiru to Ittekure, Orange Days), un drama qui fut à l’époque de sa diffusion en 1996 un véritable phénomène de société et non une simple série. Le couple formé par Kimutaku et Tomoko Yamaguchi était très atypique du fait qu’il était plus jeune qu’elle (pourtant pas de beaucoup, c’est dire les blocages dans la société). Il paraît que ça a même lancé une mode. Du coup quand on voit que ce genre de couple (dit « noona-dongsaeng » en Corée) est devenu vendeur au milieu des années 2000 (Kimi wa pet, Sapuri, Anego), on réalise que la voie avait déjà été ouverte bien avant.
Dans tous les cas, la finesse d’écriture de ces personnages et leur interprétation pleine de vie explique ce succès étonnant. Cette façon très intelligente, délicate et nuancée de capturer les doutes, les hésitations de la jeune génération concernant l’avenir, qu’il s’agisse du travail ou de l’amour, est vraiment une spécificité japonaise. On retrouve cela dans Orange Days, écrit par la même auteure, mais aussi dans Love Shuffle. Ces dramas laissent des souvenirs inoubliables et peuvent être revus avec le même plaisir.
Couple précurseur, oui. Cette mode s’est un peu calmée en Corée ces derniers temps, mais elle continue d’exister.
Ton commentaire me rappelle qu’il faut absolument que je me relance dans Love Shuffle, je l’avais commencé et je l’ai arrêté sans m’en rendre compte.
Merci pour toutes ces informations !
Love Shuffle, je l’ai vu deux fois et ça se bonifie à chaque vision. J’adore. Mais la première fois, j’avoue que j’ai eu un peu de mal avec le premier épisode… Je ne regrette pas d’avoir persévéré.
Je pense que pour ce qui est des couples un peu atypiques, les Coréens osent plus et avec plus de naturel car ils sont plus à l’écoute, ils ont compris que la société évoluait et qu’il fallait satisfaire tous les publics. La pénurie d’acteurs entre 27 et 30 ans à cause du service militaire est aussi pour beaucoup dans cette banalisation du couple noona-dongsaeng, on a pu le constater tout particulièrement en 2012. C’est le seul effet positif de cette trop longue retraite militaire…