J’ai finalement décidé de rattraper la série. Et au bout de 25 épisodes alternant le meilleur (l’épisode 23 est culte), comme le pire, me voilà bien embarrassé pour en faire la critique.
Community, c’est l’histoire de personnes adultes qui retrouvent le chemin de l’université. On va donc y croiser une galerie de portraits cosmopolite : un avocat radié du barreau, une féministe, une mère divorcée pratiquante, un vieil homme à côté de ses pompes, un quarterback, un étudiant en cinéma, etc… De quoi ratisser large et permettre un grand nombre d’interactions entre ces différents personnages. Vous rajoutez à cela le cadre de l’université complètement loufoque, du doyen aux professeurs (dont le professeur d’espagnol, Senor Chang).
Deux aspects m’ont principalement rebuté.
Premièrement la systématisation de la morale ou des bons sentiments à la fin d’un épisode. C’est assez lourd, et pourtant je suis relativement tolérant sur les fictions américaines qui mettent le paquet dessus.
Deuxièmement, le problème c’est que ça va en opposition avec la direction artistique de la série, à savoir : le délire. Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’ils vont au bout de leurs délires. Sauf qu’à un moment donné, quand on ne sait plus s’arrêter, le délire devient consternant. (et c’est un fan des ZAZ, Hot Shots et autres qui vous écrit).
Ainsi, j’ai retrouvé en fin de saison ce qui m’avait fait arrêter l’année dernière. A l’époque c’était le délire de Chang. En fin de saison, c’est un épisode sur le food fight (habitude américaine qui m’insupporte au plus haut point), et les échanges de beuglements, moqueries, grimaces, lourdingues et inacceptables (avec en toile de fond la référence hilarante du handicap mental). Comme quoi on ne peut pas rire de tout. Moi qui apprécie l’écriture de dialogues, je ne peux pas faire autre chose que d’enlever toute crédibilité à l’humour soi-disant sophistiqué de la série.
Ensuite, Abed ne fait pas tout. Certes, c’est celui qui par son comportement d’extra-terrestre et ses répliques de cinéma s’assure l’essentiel du potentiel sympathie du show. Les autres personnages me sont moins sympathiques, et il m’aura fallu beaucoup de temps pour m’attacher à cette petite troupe. Jeff et Britta sont mis en avant alors qu’ils sont les moins drôles, et cette insistance à placer Jeff comme leader du groupe (et beau gosse de surcroit) est vraiment irritante.
Je pense aussi que mon problème vis à vis de la série est vis-à-vis d’ un personnage : Senor Chang, dont les délires et la cruauté ne me font même pas esquisser un sourire, mais me donnent envie de faire « avance rapide ». En revanche j’aime bien le doyen, qui veut à tout prix faire du politiquement correct et et qui se plante mémorablement. Ça me fait parfois penser à Tobias Funke qui refoule maladroitement son homosexualité dans Arrested Development. Enfin, j’aurai aimé que Chevy Chase ait de meilleures répliques (on peut être un loser à côté de ses pompes et être plus drôle que de de tomber par terre pendant de longues et pénibles secondes).
Le reste à l’image de la série : inconstante. Une excellente réplique (ou scène) est placée entre 3 scènes plates, ou médiocres (fort heureusement moins souvent). Cette médiocrité va de pair avec cet humour à base de grimaces et de comportement lourdingues. Comme si on avait besoin de retrouver la jeunesse américaine pendant le spring break. Le pire, c’est qu’on pourra me rétorquer que c’est parce que je n’aime pas les teen-movies. C’est faux, j’en ai vu un bon paquet (et j’en ai même en DVD). Il y en a des bons, qui dépassent cet humour – excusez moi du terme – vulgaire à base de « duh », grimaces, batailles de nourritures, etc… (Oui, vous allez me dire que c’était un hommage, mais un hommage qui ne me fait pas rire).
J’entends beaucoup de personnes comparer Community avec Arrested Development. Parce qu’Arrested Development était du délire pur. Mais le style d’humour n’est pas du tout le même. Et le niveau d’écriture est incomparable.
Pour autant, je ne voudrais pas non plus enfoncer le show. Même si je liste ici beaucoup de défauts, peut-être aussi en réaction au déluge de critiques trop optimistes à mon goût, j’ai aimé visionner la saison dans son ensemble. Il y a clairement d’excellentes scènes, (et un excellent épisode pour quiconque est un fan de film d’action), il y a beaucoup de créativité, on sent de l’enthousiasme, et petit à petit on finit par s’attacher à certains personnages. J’espère juste qu’à l’avenir ils m’éviteront de me faire penser qu’ils ont rempli un épisode avec des gags pas drôles alors qu’ils ne savaient pas quoi dire. Bref, améliorer ses scripts au lieu d’alterner le pire avec le meilleur. Je ne suis pas fan non plus des aventures sentimentales autour de Jeff (le développement psychologique et sentimental des personnages est complètement incohérent, à l’image du final season), mais j’ai déjà vu pire.
En l’état, je suis quand même content d’avoir repris. Je l’avais clairement sous-estimée, et j’avais eu tort de l’arrêter si tôt. Peut-être aussi qu’il me fallait du temps pour m’adapter à son humour et moins « tiquer » devant certaines scènes. Je pense donc la continuer la saison prochaine, sauf concurrence surprise de plusieurs nouvelles sitcoms.
une série inconstante comme tu dis, mais qui a quand même fourni son lot d’excellentes scènes et répliques. Moi perso, j’adôôôre!!!
J’adore cette série ! Moi j’arrive pas à lui voir tous les défauts que tu cites.. les trucs lourdingues ça me gêne pas au contraire !
Par contre, j’ai aussi adoré Arrested Developpment mais là comme toi je ne vois en aucun cas une ressemblance entre ces deux séries !
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