Avec un titre pareil, My Generation a de l’ambition. Tournée comme un documentaire, elle raconte le destin de 9 lycéens 10 ans après.
Premier problème conceptuel : pour s’intéresser aux destins de différentes personnes, il faut les avoir connu avant. Et surtout s’y attacher. La première partie du pilote est très dure, car rien n’est fait pour montrer de vrais personnages. On sent les acteurs pas du tout dans leurs rôles. De plus la mise en scène ne facilite pas non plus la compréhension des différents liens qui les unissent. Comment s’y attacher ?
Deuxième problème conceptuel : pour des questions de rythme, on mélange des bouts de passé dans le présent, coupant ainsi court à toute évolution. C’est un peu comme si vous regardiez un diaporama. Un ensemble de photos qui montrent le passé et le présent qui empêchent vraiment de comprendre ces personnages. Pour un documentaire qui se targue d’utiliser l’Histoire, il aurait pourtant été intelligent d’utiliser la petite histoire.
Troisième problème conceptuel : L’évolution. On tente de la raccrocher à des évènements uniques, procédé qui simplifie toute évolution psychologique, qui devrait pourtant être le coeur du sujet. Il est tellement simple de croire que tout change un en claquement de doigts. Untel devient militaire à la suite du 9/11, l’autre a son père en prison suite au scandale d’Enron, l’autre devient avocate à cause de l’élection controversée de G.W.Bush, etc….Evidemment, chaque personne devient l’opposée de ce qu’elle était.
Quatrième problème conceptuel : comment parler de « ma génération » en utilisant des clichés éhontés, usés jusqu’à la corde depuis des dizaines d’années ? Non mais franchement, le coup du gars qui apprend qu’il est devenu père suite à la partie de jambes en l’air pendant la prom night….
Le seul moment qui m’aura ému dans le pilote est quand l’ex geek, qui sait qu’il est stérile, apprend qu’il va devenir d’une certaine manière l’oncle d’un futur bébé. Le reste n’a aucune charge émotionnelle, c’est du vu et du revu, joué de très mauvaise façon de surcroit.
Vous voulez parler d’une génération ? Parlez de l’évolution des rapports humains, de la course frénétique au progrès technologique, de la révolution internet, de la difficulté de trouver un boulot, du conflit intergénérationnel qui s’annonce, vous pouviez même parler écologie, j’aurai pas tiqué sur certains poncifs. Parlez de la déresponsabilisation, de l’adulescence, du suicide des jeunes, de la pression psychologique imposée par les groupes, des médias qui informent en désinformant, de l’évolution des représentations communautaires, de la consommation de masse et de la mode qui l’exploite, de tous ces comportements qui témoignent d’une très grande fragilité émotionnelle et d’une très grande crainte pour l’avenir.
Ma génération ? Elle est déjà passée, jetée dans les oubliettes de l’histoire. Bientôt on vous regardera avec des yeux ronds quand vous annoncerez que vous aimez les sitcoms à l’ancienne, que vous écoutez des cds dans une chaine-hifi double cassette stereo, que les magazines avec femme dévêtues sur la couverture ça n’existait que dans les rayons adultes, qu’on faisait nos devoirs sans internet, qu’on communiquait sans portables, qu’on rêvait encore de se marier et pas de se pacser, qu’on croyait naivement qu’en faisant des études on aurait forcément un boulot, etc…. Nous n’avons pas eu le droit à la parole, nous n’avons rien démoli ni rien revendiqué, mais au moins personne n’a menti sur qui nous étions.
My generation ne représente pas une génération. Au mieux un style d’écriture, au pire un fantasme de scénariste sur la vie des jeunes d’aujourd’hui.
Je sais que plein de gens ont ricané sur les audiences désastreuses de Quarterlife qui représentait une partie de la jeunesse (un rien hippie c’est vrai), mais il y avait plus de vérité dans le rapport avec le téléspectateur que dans cette série. Quarterlife était attachante, parlait de vie, d’états d’âme, pour des jeunes gens bloqués.
Bref, vous aurez compris, je passe l’éponge.
Bon si tu passes l’éponges, je passes la serpillière mais tous les problêmes conceptuel que tu as évoqués.
C’est vrai que les problêmes rencontrés dans certaines séries ne sont pas ceux de la vie de tous les jours.
M’enfin….
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