In the Flesh [Pilote – UK]

in the flesh

In the flesh est une mini-série britannique, audacieuse, qui ne laisse pas indifférent. En 3 épisodes, elle nous propose une énième relecture du mythe des zombis, et évidemment ça fait grincer les dents.

Il suffit de lire quelques réactions sur la toile. Buffy était critiquée parce que les vampires étaient bien éloignés de la vision horrifique habituelle, In the flesh prend à contre-pied les fans de zombis de romero ou de the Walking Dead, estimant que les zombis ne sont qu’un prétexte à une réflexion sur notre société. Amateurs d’hémoglobine, passez votre chemin.

De nos jours, les traitements médicamenteux ont fait de réels progrès, et la réhabilitation des malades mentaux est un vrai sujet, surtout dans une société hyperviolente. Mais il y a toujours un risque : les schizophrènes, par exemple, peuvent redevenir dangereux s’ils ne sont pas suivis, et s’ils interrompent leur traitement. On peut d’ailleurs prolonger la réflexion sur les camisoles chimiques des prédateurs sexuels. Faut-il pour autant ne pas leur accorder une seconde chance ?

in the flesh bbc

In The flesh imagine donc la fin de l’épisode des morts-vivants : on a réussi a les contenir, et certains d’entre eux, grâce à un traitement adéquat (qu’ils doivent prendre chaque jour), peuvent envisager un retour chez eux. On notera au passage que la série avance le chiffre de 140 000 zombis, ce qui rapporté à la population du Royaume-Uni, correspond globalement au nombre de personnes souffrant de troubles schizo-affectifs majeurs (0,25 % de 62 millions). La « coïncidence » est troublante, n’est-ce pas ?

Pour masquer leur peau froide et leurs yeux sans vie, un peu de maquillage et des lentilles de contact feront l’affaire. Et comme toute société aime bien masquer les termes qui fâchent, on ne parle plus de zombis, mais de partially deceased syndrom (PDS). Les politiques ont beau essayer de calmer l’opinion, ils n’arrivent pas à trouver le moindre argument (j’ai d’ailleurs beaucoup aimé comment ils se cachent derrière un site web au discours formaté). Les gens ont peur, et les milices qui avaient sauvé les habitants continuent de sévir, n’hésitant pas à éliminer le moindre revenant.

in the flesh kieren

Ainsi notre héros Kieren est un zombi réhabilité, qui revient vivre dans la maison de ses parents, obligé de se cacher. Sa sœur, Jem, s’est entre-temps engagée dans la milice, et elle va devoir réviser ses opinions sur le sujet des zombis. On va donc sans doute suivre deux parcours qui s’opposent : le frère ayant peur de ne jamais s’adapter, qui essaye de rentrer en contact avec un groupuscule de zombis résistants (et illuminés), et la sœur, qui malgré son aversion pour les zombis et sa révolte adolescente, va devoir protéger sa famille.

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Oui, par bien des aspects, In the Flesh rappelle Äkta Människor, avec ses hubots en quête d’humanité, ses hubots résistants et ses humains intolérants. Et là aussi, les humains les plus intolérants vont devoir réviser leur jugement quand ils se retrouvent impliqués, quand leur propre famille est concernée.

Si la série est audacieuse, elle arrive aussi à poser une certaine ambiance. On ne s’étonnera donc pas de trouver de multiples tableaux peignant des visages lugubres, ou des fresques représentant la mort, comme pour repousser un destin inéluctable. On ne baigne pas dans une ambiance apocalyptique (et d’ailleurs les rêves du passé zombi de notre héros ne sont pas très réussis), on est dans une société qui retrouve ses marques : les gens sortent, les émissions de télé continuent, on prend plaisir (ou non) à jouer à des jeux de société ou regarder des films. Internet est là, bien sûr. Et à l’autre bout de la planète, la guerre en Afghanistan fait toujours rage. L’apocalypse zombie n’a été qu’une pause dans l’histoire de l’humanité. Mais pour autant, elle a laissé des séquelles.

La dramaturgie n’est pas exemplaire, car l’ensemble souffre tout de même de quelques grosses caricatures (et les interprètes sont loin d’être doués pour exprimer une certaine émotion). Ne vous attendez donc pas à un chef d’œuvre comme Utopia. Mais pour 3 épisodes, oui, je pense que l’aventure sera intéressante, pour peu que la série sache offrir des rebondissements inattendus, une fois son monde exploré.

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