Revenge [Pilote]

Adaptée librement du « comte de Monte Cristo », Revenge arrive sur ABC avec un défi : ramener un public friand de soap. Au menu, donc : l’histoire d’une jeune femme qui revient sur les lieux du drame de sa vie, avec la ferme intention, non pas de pardonner mais de se venger. Et au cas où vous ne l’auriez pas compris, on vous le répète plusieurs fois. Pas de pardon. Pas de pardon. Pas de pardon. Ah, et … pas de pardon.

Et en plus on vous montre dans les premières minutes ce qui va arriver dans une poignée d’épisodes. Amanda va se fiancer avec le fils de celle qui a détruit sa vie étant enfant. Et celui-ci est semble-t-il assassiné le soir même des fiançailles.

La thématique de la vengeance a ses vertus, celle de donner un objectif au téléspectateur. Il ne reste plus qu’à donner une personnalité à l’héroïne, et un background suffisamment étoffé pour qu’on la soutienne. C’est là que le bat blesse. Comment voulez-vous soutenir une personne qui n’est pas capable d’avoir la moindre émotion ? Être froide à l’égard de ses futures victimes, c’est normal, mais envers son passé, c’est autre chose. Le drama aurait pu éventuellement nous montrer une jeune femme déboussolée, déprimée, … mais vide et glaciale à l’égard de quiconque, j’ai plus de mal. Tiens, prenez Story of a man, un drama coréen sur la vengeance, vous y verrez vraiment ce que ressent le personnage. Et j’ai d’autant plus de mal à percevoir le personnage principal qu’Emily Van Camp a du mal à assurer son rôle. Oh, rien de bien méchant, mais quand on voit la prestation d’autres actrices, on se dit qu’on aurait pu faire mieux (et j’ai rien  contre elle, hein, mais elle ne semble pas à l’aise dans ce pilote).

Le pilote est d’ailleurs curieusement découpé, cherchant à ne pas révéler de suite ce qu’on avait déjà deviné (l’empoisonnement). Il y a une volonté de rester dans le flou. Autant dans l’intro qui nous présente le futur, c’est normal, autant pour la suite c’est déjà moins plaisant. Tout est fait pour entretenir un mystère qui n’a pas lieu d’être, comme, par exemple, ce qui est vraiment arrivé au père de l’héroïne. On comprend grosso modo qu’il a été piégé, mais pourquoi ne pas dire clairement les choses, et en garder sous le pied ? Car si le téléspectateur ne connait pas précisément ces raisons, comment voulez-vous qu’il comprenne les motivations de l’héroïne, et donc qu’il puisse la soutenir ?

Pour donner envie de s’investir sur une telle histoire, il ne suffit pas de nous projeter dans le futur, et de nous délivrer petit à petit un puzzle qui n’a pas lieu d’être, il faut avant tout s’appuyer sur ses personnages, sur la douleur, la haine, le machiavélisme. Et j’ai eu du mal à voir tout ça. Ce n’est pas foncièrement mauvais, c’est juste mal pensé pour un pilote. La suite arrivera peut-être à faire mieux. Et peut-être que si je n’avais pas d’autres univers télévisuels, je m’en serai satisfait. Mais là, non merci, il y a bien mieux ailleurs en terme d’émotion et de traitement des personnages.

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