Nouveau drama d’ABC, The Black Box nous propose de faire la connaissance d’une neurobiologiste talentueuse et bipolaire. Travaillant dans un centre de neuroscience, elle aide les patients, soit à se soigner, soit à mieux vivre leurs atteintes cérébrales.
Le pilote passe énormément de temps à expliquer la maladie de notre héroïne, ses bouffées délirantes où elle se sent tellement supérieure aux autres, où son esprit vagabonde à la vitesse de la lumière, lui donnant une créativité, une énergie sans limite ou presque. On y voit les conséquences, surtout, là où elle flirte avec la mort, ou lorsque prise de pulsions, elle met en danger son couple en sautant sur le premier venu. Elle a la chance d’avoir des médicaments qui fonctionnent (ce qui n’est malheureusement pas le cas de tout le monde), mais elle éprouve encore le besoin de ressentir les choses à fond, de ne pas se sentir « normale », comme si on enfermait son esprit supérieur sous camisole.
Ces séquences là sont très fortes, et même si chaque personne bipolaire vit sa maladie différemment, on perçoit bien le déséquilibre de cette jeune femme, et son malheur, qu’elle vit comme une chance. Dans le même temps, son monde ne peut la comprendre, ou la supporter. Son petit ami, sur le point de s’engager, va découvrir la vérité. Et alors qu’on nous explique en long en large et en travers que notre héroïne ne veut pas d’enfants, on nous annonce qu’elle en a déjà un. Et là, mon enthousiasme retombe un peu. Parce que la séquence manque cruellement d’émotion.
On touche ainsi les limites du pilote. La révélation n’est pas franchement une surprise puisque le casting de l’enfant respecte les probabilités génétiques. Et surtout, on a passé un long moment à plaindre la jeune femme sur son passé, avec sa mère suicidaire et malheureuse, et son discours poignant sur le fait qu’elle ne pourra pas être mère parce qu’elle ne veut pas transmettre sa maladie. Pourquoi avoir voulu transformer l’originalité de la série avec un secret de famille soapesque ? J’étais prêt à m’investir émotionnellement sur son désespoir. Plus maintenant.
Alors on se rabat sur les cas médicaux. Une hallucination réversible par traitement médicamenteux, mais qu’on ne va pas soigner parce que le patient souffrirait de solitude pendant ses derniers mois à vivre. Soit. Et surtout un jeune homme diagnostiqué schizophrène alors qu’un simple IRM suffit à montrer la présence d’une tumeur opérable. Avec pour conclusion une grande séance de remerciements, parce que notre héroïne leur a sauvé la vie. N’est-ce pas. Elle est tellement douée et gentille, comparée au chirurgien (encore une jolie caricature masculine digne d’ABC). Sauf que, messieurs les scénaristes, un IRM dans le cadre du diagnostic d’une pathologie mentale, c’est quand même pas très compliqué à demander, hein… Ce qui a sauvé le patient, c’est plutôt la radiologue et le chirurgien. Ce genre de raccourcis a tendance à me faire bondir de mon siège, car ils positionnent à tort notre personnage principal comme une super-héroïne.
Avec ces deux grosses manipulations dans le fil d’un récit bourré de clichés, voilà qui ternit déjà mon envie d’aller plus loin. Le sujet est pourtant très intéressant (et j’ai clairement un faible pour ces thématiques). Malheureusement, seule la découverte de la maladie m’a plu dans le pilote. Et Kelly Reilly manque cruellement de charisme et de nuances pour faire vivre son personnage.
Dommage.